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Xavier Bertrand et des élus du Nord, dont deux députés LREM, se sont mobilisés mardi, avec des salariés, contre le possible "démantèlement" de l'usine Renault de Maubeuge, les "exigences" formulées au même moment par Emmanuel Macron au constructeur automobile ne les rassurant pas complètement.
"Surpris", "inquiets" ou "furieux", quelque 250 personnes -élus, syndicalistes et salariés de l'usine MCA de Maubeuge (Maubeuge construction automobile)- ont marché dans l'après-midi en direction du site après avoir découvert la veille au soir dans la presse des "rumeurs" sur un projet de transfert de l'activité d'assemblage vers Renault-Douai, à 70 km de là.
Une manifestation organisée au moment même de l'annonce du plan automobile par le président de la République dans le Pas-de-Calais et à laquelle ont notamment participé, outre le maire DVD de Maubeuge Arnaud Decagny (DVD), les députés macronistes du Nord Anne-Laure Cattelot et Christophe Di Pompéo.
Cette délocalisation "mettrait en péril des milliers d'emplois et bouleverserait la vie des 1.800 salariés et 600 intérimaires du site", avait alerté un peu plus tôt M. Di Pompéo, trouvant insensé de démanteler "l'usine la plus performante du groupe".
"Souvenons-nous novembre 2018: 450 millions d'euros investis dans le site le plus compétitif du groupe Renault !", a tweeté Mme Cattelot.
Dévoilant à l'époque sur ce même site et devant le chef de l'Etat son intention de produire en France de nouveaux véhicules utilitaires basés sur son modèle Kangoo, Renault avait en effet annoncé un investissement de 450 millions d'euros sur cinq ans dans MCA.
"C'est une déclaration de guerre (...) peut-être le séisme le plus violent de l'histoire des plans sociaux", a tonné Yannick Charlesege (CFTC).
"Même en étant un laboratoire de Renault, aujourd'hui, on peut perdre notre emploi", a renchéri Samuel Beauvois (Sud). Selon la CGT, ce site compte quelque 1.600 salariés et "plus de 500 précaires".
- "Ne pas sauver Douai en sacrifiant Maubeuge !" -
"Je me tourne vers l'Etat -premier actionnaire de Renault avec 15% du capital- et vers Emmanuel Macron qui a signé ici un +pacte Sambre-Avesnois-Thiérache+ avec une priorité, la réindustrialisation et l'emploi. Il faut garder la mémoire !", a renchéri le président des Hauts-de-France Xavier Bertrand, qui les a rejoints après la manifestation pour une réunion "de crise" avec les syndicats en mairie.
"Je n'ai pas l'habitude d'oublier les engagements que j'entends", déclarait au même moment le chef de l'Etat, évoquant sa venue en novembre 2018 et réclamant au constructeur que "l'ensemble des salariés de Maubeuge et de Douai puissent avoir toutes les garanties sur leur avenir".
Utilisant le terme "exigences" vis-à-vis de Renault, M. Macron s'est voulu rassurant en martelant "le soutien de la Nation et l'engagement du gouvernement". Une table ronde est programmée lundi autour du ministre de l’Économie Bruno Le Maire.
Le prêt de 5 milliards d'euros garanti par l’État promis au groupe "ne saurait être consenti avant que ces discussions aboutissent et dépendra de l'issue de celles-ci", a-t-il souligné.
"Ne jouons pas sur les mots: c'est des emplois à Maubeuge ou pas ? Les garanties, c'est quoi ? Si c'est pour avoir 200 emplois, ça le fait pas !", a prévenu Xavier Bertrand en ironisant: "si on n'était pas là, vous croyez qu'Emmanuel Macron aurait parlé de Maubeuge" dans son discours.
"On ne peut pas sauver Douai en sacrifiant Maubeuge", a également dénoncé un représentant de FO.
Vigilante, Anne-Laure Cattelot se veut toutefois optimiste: "j'ai eu le président de la République au téléphone, il m'a dit +je suis vraiment à fond sur le sujet, je ne lâche pas, je n'oublie pas mon déplacement à Maubeuge".
Toujours inquiets d'un éventuel transfert d'activité, les syndicats craignent aussi un possible "chantage" de Renault, "qui dirait: +je ne ferme pas, mais vous perdez tel ou tel acquis+", ont-ils expliqué devant Xavier Bertrand.
Prêts à participer à la table ronde de Bercy, ils prévoient néanmoins une nouvelle manifestation à Maubeuge.