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Des casseurs s'en sont pris à une remorque, ont jeté de pavés et bouteilles en verre en direction des forces de l'ordre lors des précédentes rencontres du Maroc dans cette Coupe du Monde. Dans cette petite minorité, la plupart sont jeunes souvent mineurs. Certains ont 12 ou 13 ans à peine.
Bachir est coordinateur depuis plus de 37 ans dans un foyer pour jeunes à Molenbeek. "A mon avis, c'est une révolte contre l'autorité quelle qu'elle soit. Mais aussi contre quelque chose qu'ils ne comprennent pas, c'est-à-dire le fait de ne pas être regardé, de ne pas être reconnu, de ne pas trouver leur place dans cette société, dans la société du pays où ils sont nés... Et je pense que c'est un cri d'alerte. Il faut le voir plutôt comme ça. Il ne faut pas tolérer ce qui s'est passé, bien entendu. Mais je pense que c'est surtout une façon de dire 'regardez-moi, j'existe'", explique-t-il.
Samedi soir, par exemple, à Bruxelles, 59 arrestations et au moins 24 mineurs. Zaccaria vit dans le centre de la capitale depuis plus de 20 ans. Il fait partie de ceux qu'on surnomme, depuis les célébrations de la Coupe du monde, les "gilets verts". Ce sont ces hommes, ces femmes, ces habitants, ces grands-frères, ces aînés... qui tentent d'encadrer et d'éviter toute confrontation ou problème le soir de match. "On parle d'une trentaine ou quarantaine de jeunes qui sont excités, qui surchauffent et donc malheureusement, qui entachent les festivités. On a énormément de familles, de mamans, d'enfants, de parents qui viennent fêter la victoire du Maroc. Et on a un petit groupe une minorité qui essaie de chercher la confrontation. Et notre but, c'est vraiment de leur expliquer que ce n'est pas ça le foot, ce n'est pas ça fêter une victoire et qu'il faut vraiment être avec tout le monde, faire la fête et éviter de casser, ça n'a aucun sens", détaille Zaccaria, habitant et organisateur de la "chaîne humaine" - "gilet vert'.
Depuis le début de la Coupe du monde, les dégâts sont heureusement minimes et les anonymes bien plus nombreux à rétablir l'ordre. Par exemple, des barrières à peine lancées sur le boulevard ont été déplacées sur le côté par des citoyens. Reste un phénomène à comprendre : que faire dans le futur pour empêcher ce genre de violence ? "On a l'impression que c'est vis-à-vis de l'autorité, parce que vis-à-vis de nous, on arrive à instaurer un dialogue et à leur expliquer qu'il y a des conséquences à leurs gestes, que ce qu'ils font, c'est mal. Et quand ils voient la police, il n'y a pas de dialogue et puis il y a des tensions. La police aussi est stressée. Je pense que c'est un tout. Il faudrait peut-être en tirer les conclusions et voir ce qui se passe en amont aussi. Pourquoi ces jeunes réagissent comme ça?", poursuit Zaccaria.
"Ça n'a pas de sens, il y a toujours une explication. Et je pense qu'il faut se poser, essayer de réfléchir, de trouver où le mal se trouve pour essayer de le résoudre. Un médecin, pour vous guérir, il fait d'abord un diagnostic et je pense qu'il y a un diagnostic à faire à ce niveau-là", lance Bachir, le coordinateur dans un foyer de jeunes à Molenbeek.
Pour la demi, et la finale - qu'elle soit petite ou grande - Zaccaria veillera une nouvelle fois pour que la fête dans le centre reste belle.