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Travail le dimanche, emplois, conditions de travail: ces franchisés de Delhaize dévoilent à quoi ressemble leur quotidien

Le conflit social continue de prendre de l'ampleur chez Delhaize. D'un côté, il y a donc la direction du groupe, qui a annoncé son intention de mettre fin à son modèle de magasins intégrés pour ne disposer que d'une série de franchises. D'un autre, les travailleurs de ces magasins intégrés, qui dénoncent une pratique anormale, inacceptable et affirment que les travailleurs vont y perdre, financièrement et professionnellement, en passant dans un modèle de franchises.

Alors, où est le juste milieu ? À quoi ressemble vraiment la vie dans ces magasins Delhaize ? Pour tenter de le savoir, le débat s'est immiscé dans C'est pas tous les jours dimanche. Sur le plateau, des délégués syndicaux, qui ont eu l'occasion d'échanger avec une employée et un responsable de magasins franchisés de l'enseigne. 

Côté syndical, on dénonce une manœuvre injustifiée du groupe pour liquider des emplois et ainsi faire des économies, sur un modèle auquel ils ne croient pas. "Les employés de Delhaize qui ont compris ce qu'il se passe ont compris qu'ils n'avaient plus rien à perdre", lance même Agniezka, Déléguée CNE au Delhaize Mozart. "Une compagnie multinationale, qui fait des bénéfices, de l'ingénierie fiscale, qui fait tout ce qu'elle peut pour pomper l'état, les subsides, pour payer le moins d'impôts possibles, prend une décision pour se débarrasser d'un collectif de travailleurs. C'est une façon hypocrite de licencier les travailleurs", poursuit-elle, affirmant que les travailleurs ne lâcheraient pas le "combat".

La première réponse, c'est celle de Tristan Dufoing. Ce dernier dirige deux Delhaize franchisés, à Jupille-sur-Meuse & Louveigné. Pour lui, cette crainte syndicale n'a pas vraiment de sens. "La crainte de ces gens, c'est d'être face à l'inconnu. Dans les magasins que j'ai repris, j'ai gardé l'entièreté du personnel, il n'y a pas de raison, on a besoin du capital humain et de personnes pour nous aider. Je ne vais pas les remplacer par des machines", a-t-il répondu.

Pour Myriam Djegham, Secrétaire permanente Commerce à la CNE, c'est le modèle même des franchises qui pose problème. "C'est le modèle économique qui nous inquiète. On a vu se développer de plus en plus de franchises. Est-ce qu'on est prêts à accepter ce modèle où des multinationales, des grandes enseignes, qui font énormément de profits, se déchargent de leur responsabilité patronale sur le petit indépendant et dégrade les conditions de travail et de rémunération des travailleurs ?", s'interroge-t-elle. "On est face à une entreprise qui se porte bien. Le CEO de Delhaize gagne à l'heure 2.000 euros. Dans la franchise, on est à 12 € de l'heure. Est-ce que c'est ce modèle-là qu'on veut, avec des patrons qui ne sont pas des patrons ?", poursuit-elle ensuite.

Des syndicats qui dénoncent aussi une dégradation de la condition de travail, avec une exigence de flexibilité plus importante et notamment du travail le dimanche. Un problème ? Pas pour Julie, employée dans un Delhaize franchisé à Jupille. "Chez nous, on ne travaille qu'un dimanche par mois et on a congé le samedi en contrepartie. C'est mieux, je ne vois pas pourquoi on devrait absolument avoir congé le dimanche. Parfois, c'est mieux d'avoir congé en semaine pour pouvoir faire d'autres choses, qu'on ne pourrait pas faire le dimanche", raconte-t-elle sur le plateau.

Au niveau salarial, selon des chiffres avancés par Pierre-Frédéric Nyst, le Président de l'Union des Classes Moyennes, la différence est de 79,11€ brut par mois et par employeur, en moins que ceux qui travaillent en magasins intégrés. Côté syndical, on annonce que les commissions paritaires sont différentes, ce qui aurait des impacts sur les salaires horaires et sur les horaires et sans droit de s'organiser collectivement sous la forme d'un syndicat.

Les débats ne sont pas prêts de se terminer. 

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