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Les taux pour emprunter s’envolent: est-ce que les taux d’intérêt pour les épargnants vont augmenter?

L’économiste Bruno Colmant était l’invité de Bel RTL matin. Au micro d’Antonio Solimando, il est revenu sur l’augmentation des taux d’intérêt pour emprunter
Les taux d’intérêt pour emprunter de l’argent s’envolent : 4 % en moyenne aujourd’hui, alors que les rendements des comptes épargne sont toujours aussi bas : autour de 1 %. Comment expliquer ce paradoxe ?

"Pendant des années, les banques ont dû subir elles-mêmes des taux d’intérêt négatifs sur les liquidités qu’elles recevaient de leurs clients, mais ces taux d’intérêt négatifs n’ont pas été imposés aux épargnants, on a tous eu un taux d’intérêt proche de 0. Aujourd’hui, les taux d’intérêt remontent, ce qui est bon pour les banques, ça permet de reconstituer leur trésorerie, leur rentabilité. Progressivement, les taux d’intérêt vont monter pour les épargnants, mais il est clair qu’on va vivre à mon avis pendant des années dans une situation où le taux d’intérêt sera plus bas que le taux d’inflation", explique l'économiste.

Bruno Colmant ne voit aucune hausse significative cette année : "Une toute petite augmentation peut-être, mais structurellement l’épargne après inflation va donner un rendement négatif". Pourquoi selon lui ? "Parce que toute l’Europe est plongée dans une situation particulière, il faut récupérer 10 ans de création monétaire un peu excessive. On dit d’ailleurs que l’inflation c’est un impôt qui est comme du monoxyde de carbone, ça n’a pas d’odeur mais ça tue, c’est un impôt silencieux, c’est l’inflation qui va permettre de rembourser les créations monétaires et l’endettement public, donc l’épargnant ne doit pas espérer des intérêts très élevés".

On peut comprendre que pendant tout un temps, on parlait de taux d’intérêt négatif, c’est-à-dire que les banques prêtaient de l’argent et y perdaient et en fait elles ne faisaient pas de bénéfices sur ce prêt. Mais aujourd’hui, les banques font des bénéfices, plutôt plantureux pour certaines d’entre elles, 3 milliards de bénéfices l’an dernier. Pourquoi on ne rémunère pas l’épargnant ? Il y a les fonds pour le faire…

"Il y aura peut-être des injonctions publiques pour augmenter les taux. Mais, les banques sont dans une situation particulière, elles doivent aussi financer les Etats et les Etats aiment se financer à un taux d’intérêt après inflation qui soit négatif. Donc, les banques seront à mon avis très hésitantes à augmenter trop fortement les taux. On n’est pas non plus sortis d’affaire, le monde financier est encore dans une situation très particulière et donc s’il y a une augmentation, ce seront d’abord les bénéfices des banques qui vont l’absorber, et puis seulement les épargnants, donc on n’est pas dans une situation normale aujourd’hui", analyse Bruno Colmant.

 

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