Partager:
L'OMS s'inquiète de l'usage de la contraception chez les jeunes. Une étude révèle en effet que les adolescents ont de moins en moins recours à la pilule et aux préservatifs, une baisse significative en 10 ans, et qui concerne de nombreux pays, y compris la Belgique. Dans quelles proportions ? Comment expliquer ce phénomène ?
Difficile de parler sexualité lorsque l'on a 15 ans. Et pourtant, à cet âge, près d'un jeune sur cinq a déjà eu un premier rapport, des rapports de moins en moins protégés. En Belgique, 61% des garçons disent avoir utilisé un préservatif lors de leur dernier rapport, contre 70% en 2014. "Je pense qu'en fait, là on est dans une génération où les jeunes suivent fort leurs pulsions, et du coup ils le font comme ça, sans vraiment réfléchir", estime un étudiant.
"Moi, je trouve ça assez étonnant parce que par exemple ici à l'école, on a beaucoup de campagnes de sensibilisation, de choses comme ça", enchaine un autre. Les filles, elles aussi, boudent la pilule contraceptive. Quatre adolescentes sur dix disent avoir été couvertes par la pilule lors de leur dernier rapport, contre sept sur dix il y a dix ans. "Moi par exemple je prends la pilule, mais je sais qu'il y a beaucoup de filles qui arrêtent la pilule, parce qu'effectivement c'est très chimique, et elles aiment pas ça", témoigne une adolescente.
Valérie Lacour est une pharmacienne qui reçoit régulièrement ses jeunes adolescents en quête de réponse. Pour elle, cette tendance n'a rien d'étonnant. "Il y a de plus en plus de jeunes femmes qui disent 'je veux pas d'hormones, soit parce que je suis dans une démarche plus nature, soit parce que je crains les risques de thrombo, je crains de prendre du poids'. Les jeunes ne savent pas toujours aussi que les préservatifs sont pris en charge en partie par les mutuelles, donc ça c'est très important je pense à rappeler", estime-t-elle.
Dans un planning familial, on s'inquiète du manque de conscience des jeunes sur l'importance de la contraception. "Ils n'ont pas forcément toutes les connaissances autour du VIH et d'autres maladies, ils pensent qu'il n'y a que le VIH qui existe et que ça n'existe plus vraiment, c'est plus une maladie qui circule", explique Pauline Gérard, coordinatrice du planning familial de Berchem-Sainte-Agathe.
Une génération de plus en plus exposée aux fausses informations qui circulent sur internet. "Malgré cette idée générale qu'on parle de plus en plus de sexualité, il y a toujours un âge où c'est plus compliqué, où on ne sait pas où trouver l'information, et les jeunes ont par réflexe de plus en plus accès aux réseaux sociaux".
Face à cette tendance qui se généralise en Europe, l'Organisation Mondiale de la Santé exhorte les autorités à faire de l'éducation sexuelle une priorité.