Partager:
Le nombre de personnes suivies par l'Ocam a légèrement baissé en un an, passant de 700 à 650 extrémistes et terroristes en 2023. La menace ne diminue pas pour autant, soulève le directeur de l'Organe de coordination pour l'Analyse de la menace (Ocam), Gert Vercauteren. Le niveau de menace moyen des personnes reprises dans la Banque de données commune (BDC) est en légère hausse.
Ce niveau est calculé, pour chaque individu, sur une échelle de 1 à 4, à l'instar de l'évaluation de la menace pour le pays. La hausse moyenne n'est pas due à un afflux de personnes de profil 4. La plupart des personnes suivies présentent un niveau de 1 à 3, explique M. Vercauteren. Il justifie la progression par une "combinaison de facteurs" que ses services doivent encore examiner.
Si un individu est particulièrement menaçant, dans ses intentions ou de par ses problèmes psychiques par exemple, une approche répressive sera envisagée. Si la personne présente un risque moindre, une politique socio-préventive est privilégiée.
Le directeur répète que le niveau pour l'ensemble de la Belgique est maintenu à 3, ce qui est "déjà sérieux", insiste-t-il. "Pour passer au niveau 4, nous devons être en possession d'éléments concrets laissant craindre une attaque imminente, ce que nous n'avons pas aujourd'hui en Belgique."
La Banque de données commune bénéficie depuis peu d'un nouveau cadre légal. La nouvelle loi permet notamment un meilleur échange d'informations entre les services concernés, tant les services de sécurité que les services d'accompagnement et de prévention, y compris le secteur de la jeunesse, a expliqué le ministre de la Justice Paul Van Tigchelt, mardi au cours d'une conférence de presse au siège de l'Ocam à Bruxelles.
Ancien directeur de l'Ocam, M. Van Tigchelt a décrit une organisation arrivée "aujourd'hui à maturité, appréciée tant en Belgique qu'à l'étranger".
La ministre de l'Intérieur Annelies Verlinden a également insisté sur cette transmission d'informations, entre autres avec les services de police sur le terrain. En cas d'intervention, les forces de l'ordre seront mieux informées sur des détails éventuels de radicalisation. À leur tour, elles pourront renseigner le personnel médical de la menace potentielle d'un individu interpellé et admis en milieu hospitalier.
La législation de la BDC a été modifiée à la lumière des travaux en commission à la Chambre et des leçons tirées d'événements tragiques comme l'attentat perpétré à Schaerbeek le 10 novembre 2022, ont précisé les deux ministres. Ce jour-là, une personne radicalisée souffrant de problèmes psychiques avait tué un policier après avoir été emmené à l'hôpital par la police.
Une première liste Ocam avait été établie dès 2012 au début de la crise syrienne, lorsque des Belges étaient partis combattre en Syrie et en Irak. "Le plus gros impact de la crise syrienne est désormais derrière nous", explique M. Vercauteren, justifiant la baisse de moitié des combattants terroristes étrangers (FTF) repris dans la banque de données commune. De 828 en 2015, ils n'étaient plus que 426 fin 2023. Entre un tiers et la moitié de ces combattants sont en outre probablement décédés. "Mais l'Etat islamique ne nous envoyant pas de faire-part de décès, nous ne pouvons pas les retirer de la BDC tant que toutes les confirmations n'ont pas été reçues", souligne le ministre de la Justice.
Autre groupe ayant connu une forte évolution parmi les 650 profils repris dans la BDC, les extrémistes potentiellement violents (EPV). Evolution à la hausse pour cette catégorie puisqu'ils sont passés de 73 en 2020 à 110 en 2023. Légèrement moins nombreux, mais "peut-être les plus dangereux car ils incitent d'autres à passer l'acte": les 90 propagandistes de haine.
Au total, entre 2022 et l'an dernier, 30 personnes ont été ajoutées à la banque de données et 80 en ont été extraites. "Une personne n'est supprimée que quand tous les signaux sont au vert, qu'elle évolue positivement durant une longue période et qu'aucun nouvel élément négatif n'émerge", précise le directeur de l'Ocam.
Près de neuf profils sur dix dans la BDC adhèrent à une idéologie djihadiste, et près d'un sur dix est lié à l'extrémisme de droite.