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Près de 40 bâtiments vont être détruits à Pepinster. Les autorités communales ont imaginé un vaste plan pour réduire l’impact de potentielles futures inondations. Le but de ces destructions volontaires est d’offrir plus de place à la Vesdre et de permettre à l’eau d’être mieux absorbée par les sols.
Ils habitaient dans cette rue et occupaient cette maison blanche, à la Rue Pont Walrant, numéro 26, à Pepinster. Madeline et Paul y ont résidé pendant 15 ans, mais en juillet 2021, les inondations ont ravagé leur quartier. Leur maison est restée debout, mais l’eau l’a rendue inhabitable.
Chaque fois qu’ils repassent devant, les souvenirs resurgissent. "C'est un mélange d'émotion et de nostalgie. Voir la maison comme ça, c'est un coup de poing au visage de s'imaginer qu'on ne pourra plus jamais y vivre", explique Madeline.
Lors des inondations de juillet 2021, Madeline, Paul et leurs enfants ont été pris au piège sur leur toit durant 11 heures. Ils ont été sauvés par des civils et les services de secours et contrairement à certains de leurs voisins, ils sont tous en vie.
Mais aujourd’hui, dans le cadre d’un vaste plan de la commune, leur maison doit être détruite. "Je suis soulagé, car ce sera une page qui sera tournée", note Paul. "Je n'avais pas envie de partir à l'époque. Notre dernier fils est né ici, cette maison était aussi mon lieu de travail", explique Madeline, toujours émue.
Le long de la Vesdre, des habitations sont encore installées sur les rives, mais en cas de fortes précipitations, elles seraient à nouveau menacées. Au total, ce sont donc 40 bâtiments qui vont être détruits avec comme objectif de donner plus de place à la Vesdre et son affluent, la Hogne et réduire l’impact de futures inondations.
"À partir du moment où ces bâtiments auront disparu, cela permettra à l'eau de prendre plus son aise et de préserver le centre du village de Pepinster", note Philippe Godin, bourgmestre de Pepinster. La commune dispose d’une enveloppe d'environ 32 millions d’euros de la Région wallonne notamment pour racheter les bâtiments aux riverains. Pour leur maison, Madeline et Paul ont reçu 85.000 euros.
Ce montant, en plus de l’argent des assurances, leur a permis de racheter une habitation à Pepinster. S’ils ont pu sauver quelques éléments de leur ancienne habitation, Madeline et Paul auront besoin de temps. "On ne sera jamais 100% ici, une partie de mon cœur est toujours de l'autre côté", note-t-elle.
La Vesdre dicte sa loi à Pepinster et aujourd’hui, l’eau est encore une menace alors la commune a prévu un plan pour tenter de prévenir un nouveau drame. Pour laisser plus de place à la rivière qui coule au fond de leur jardin, Sylvain et Christelle devront aussi déménager.
Après les inondations, ils pensaient pouvoir rester chez eux et ont financé 130 000 euros de travaux : une rénovation inutile, car leur maison sera détruite. "Imaginez-vous que vous reconstruisez tout, et qu'on doive tout à nouveau détruire", regrette Christelle.
La commune leur propose de racheter leur habitation pour 140 000 euros, ais avec leur budget, ils ne trouvent pas de logement qui pourrait les accueillir avec leurs trois enfants. Seulement, l’échéance approche et forcément la tension monte pour la famille...
La plupart des citoyens ont accepté le plan des autorités de Pepinster : ils ont vendu leur maison à la commune et sont allés vivre ailleurs, mais certains ont refusé de partir, comme Jean. Celui-ci loue une maison rachetée par la commune. Un accord a été trouvé : il dispose d’un bail à vie avec sa compagne Nicole.
Les deux septuagénaires peuvent rester à une seule condition : ils devront déménager si des inondations se reproduisent. "On ne peut pas vivre dans la crainte. Des gens diront qu'on joue avec le feu, mais il peut arriver n'importe quoi, n'importe où".
Aujourd'hui, Pepinster n’a plus le même visage et la menace de l’eau force la commune à modifier encore son paysage. La destruction volontaire de 40 bâtiments n’est finalement que le début de la nouvelle histoire de la commune.