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Vous ne parlez pas néerlandais? Vous n'aurez pas droit aux allocations sociales à Ninove, où le Vlaams Belang s'installe

Cas sans précédent dans notre pays, l'extrême droite a décroché une majorité absolue aux municipales d'octobre à Ninove. Guy D'haeseleer, qui s'installe ce jeudi dans le fauteuil de bourgmestre, veut faire de sa ville une vitrine du nationalisme flamand.

Un meilleur accès à la police, avec un commissariat bientôt ouvert le week-end, la lutte contre la "francisation", et la priorité donnée aux néerlandophones pour certaines prestations sociales: Guy D'haeseleer, qui deviendra dès ce jeudi soir le bourgmestre de Ninove, a déjà levé le voile sur les grands axes de sa future politique.

Dans cette ville de 40.000 habitants, "un électeur sur deux a voté pour nous car nous défendions trois points clés", explique l'élu de 55 ans, à la veille de sa prise de fonctions. "Les gens ici se font du souci à cause de l'immigration croissante, de la francisation croissante de notre ville et de l'insécurité croissante", énumère-t-il. "Nous allons lier la connaissance du néerlandais à l'accès aux allocations sociales. Via le CPAS, nous n'accorderons des allocations sociales qu'aux personnes qui acquièrent une connaissance du néerlandais dans un délai raisonnable. S'ils ne le font pas, s'ils ne font pas d'efforts, ils ne recevront plus d'allocations".

"La liberté linguistique est un droit constitutionnel"

Peu de données officielles sont disponibles pour objectiver ces affirmations, et la bourgmestre sortante, la libérale Tania De Jonge, conteste toute hausse de la criminalité. "Les chiffres ont même baissé", assure-t-elle. Mais une chose est sûre: la ville, située, à 25 km à l'ouest de Bruxelles, ne cesse de voir sa population gonfler. Elle a gagné 7.000 habitants depuis 1990.

La bourgmestre sortante a vivement critiqué cette mesure du Vlaams Belang. "M. D'haeseleer ne doit pas imaginer que les gens vont soudainement vendre leur maison parce qu'ils sont francophones, a dénoncé Tania De Jonge. La liberté linguistique est un droit constitutionnel".

Pour Guy D'haeseleer, ces nouveaux venus, qu'ils soient d'origine étrangère ou francophones, sont d'abord des "non Flamands", attirés à Ninove par des prix du logement plus abordables qu'à Bruxelles, et qu'il faudrait repousser au-delà de la frontière linguistique. "Nous voulons vraiment dire à ces gens qu'il faut qu'ils connaissent le néerlandais, c'est très important pour nous. S'ils veulent quitter Bruxelles, qu'ils aillent en Wallonie", poursuit l'élu, un des 31 députés Vlaams Belang du parlement régional flamand.

Arrivée en tête il y a six ans, la liste conduite par M. D'haeseleer avait vu se former face à elle une majorité divers droite l'empêchant de prendre les rênes de la commune. Cette fois, celui qui siège au conseil communal depuis trente ans a enregistré une victoire encore plus large et va devenir bourgmestre sans avoir besoin d'aucun partenaire. "Sans devoir faire de compromis", dit-il.

Pour le politologue Benjamin Biard, il est clair que le Vlaams Belang va ériger Ninove en "vitrine" de sa capacité à agir localement pour défendre les "Flamands de souche" pendant les six ans à venir. "Ils voudront appliquer leur slogan "Notre peuple d'abord", par exemple en complexifiant l'accès au logement social pour les non néerlandophones. Est-ce qu'ils y arriveront? C'est trop tôt pour le dire", ajoute cet expert du Centre de recherche et d'information socio-politiques (Crisp).
 

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