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"Si tu es là, je ramasse plus d'argent": un document de police accable Marie Arena dans le Qatargate

De nouveaux éléments dans l'affaire du Qatargate: un document de 11 pages (un PV de la police reprenant des informations issues d'une note de la Sûreté de l'État), compile, entre autres, des échanges téléphoniques et écrits entre Marie Arena et Panzeri. Le nom de Michel Claise y est également repris. L'information a été relayée dans les journaux du groupe SudInfo ce mercredi. 

Le PV énumère notamment une série d'échanges entre Marie Arena et Antonio Panzeri. Cet ex-député italien est le cerveau présumé du Qatargate. Il avait été arrêté en décembre 2022, puis libéré sous conditions en septembre dernier. Marie Arena n'a pas fait l'objet de poursuites, mais les enquêteurs se sont penchés sur son rôle dans cette affaire.

Les échanges semblent démontrer que Marie Arena avait un rôle de premier plan dans le réseau de Panzeri. "Si tu es là, alors je ramasse plus d'argent", lui aurait-il dit en août 2022. Ils auraient échangé, toujours selon ce document, de plusieurs pays - dont le Qatar - avec lesquels Arena et Panzeri ont eu des contacts, ainsi que d'argent.

Il est notamment indiqué qu'Arena est citée comme faisant partie "du quadriumvirat “Cozzolino/Moretti/Arena/Tarabella pour la résolution de problèmes en faveur du Qatar". On peut aussi y lire qu'"Arena va effectuer un voyage en compagnie de Panzeri et Figa Talamanca au Qatar en mai 2022. Lors de ce voyage, Panzeri va instruire Arena concernant les droits des travailleurs".

Le document nous apprend que, selon la Sûreté de l'État, "Arena semble avoir reçu des autorités qataries une Rolex et un collier". Demetrio Scagliola, rédacteur en chef de SudInfo détaille: "On parle d'argent, de montre et bijoux de luxe. On parle de voyage organisé pour son fils, à sa demande, auprès d'un influent ambassadeur du Maroc, de places pour la Coupe du monde, bref beaucoup de choses". Elle aurait aussi été "citée et partie prenante" lors "des calculs de rémunérations du Qatar pour le travail réalisé par Panzeri".

En décembre 2021, Panzeri lui aurait expliqué que son maintien au sein de la commission DROI (sous-commission des droits de l'homme, NDLR) était très importante pour lui : "Tu y resteras pour les raisons que tu connais", ce à quoi Arena aurait répondu : "Je le sais. Mais ils doivent savoir que je peux tout faire mais pas tout accepter…".

Le 19 juillet 2023, un peu plus de 280.000 euros ont été retrouvés, en liquide, chez Ugo Lemaire, le fils de l'eurodéputée. Elle a toujours nié son implication dans le Qatargate.

"On voit que ce dcoument, même s'il ne s'agit pas à ce stade de preuve, alourdit considérablement la position de Marie Arena, et en tout cas sa ligne de défense, qui était jusqu'ici de dire qu'elle connaissait Panzeri, Francesco Giorgi et Eva Kaili. Mais, qu'elle n'était pas au courant de leurs agissements", estime encore Demetrio Scagliola.

La députée européenne est soupconnée d'avoir profité de son mandat pour mettre en avant les efforts du Qatar, concernant les droits humains, en échange de contreparties. Actuellement, Marie Arena n'est pas inculpée. Ses avocats n'ont pas souhaité réagir à la divulgation de ces documents. 

La déportation de Michel Claise

Le document, qui date d'avril 2023, cite aussi le juge d'instruction Michel Claise, qui était en charge du dossier du Qatargate. Ce n'est que deux mois plus tard, le 19 juin dernier, qu'il s'est finalement déporté. Cette décision était liée à la proximité entre son fils, Nicolas, et celui de Marie Arena, Ugo Lemaire. Les deux hommes ont un commerce de CBD légal, du cannabis sans les effets du THC, BRC & Co.

Nicolas Claise et Ugo Lemaire se sont, à plusieurs reprises, déplacés au Maroc, dans le cadre de ce commerce. Le PV indique que la police avait envoyé à Michel Claise un rapport sur les déplacements du fils de Marie Arena.

Face aux Punchers, en octobre, il justifiait son choix : "Il existe un principe en matière de justice : la justice doit être rendue, mais la justice doit être perçue comme telle" annonce le juge. Dans ce dossier, sa présence posait un problème, "le problème de l'apparence".

En effet, "à quelques mois" de sa pension, il s'est demandé s'il ne valait mieux pas, "au nom de l'apparence", quitter le dossier, plutôt que "de gérer un conflit pour savoir qui a raison.

 

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