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Malgré les milliards dépensés, le niveau des élèves francophones ne décolle pas: Pierre-Yves Jeholet propose des mesures concrètes

Pierre-Yves Jeholet était l'invité de l'émission Face à Buxant ce dimanche sur RTL TVI. Le ministre-président de la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB), institution qui gère notamment l'enseignement francophone, s'est exprimé sur le niveau des élèves.

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Pour rappel, le budget annuel attribué par la FWB à l'enseignement est passé de 6,9 milliards d'euros en 2011 à 8,8 milliards en 2021. Au sein du ministère de l'Éducation, 86% des dépenses visent à payer les salaires du personnel de l'enseignement, rappelle le magazine Le Vif.

Martin Buxant: Je vais relayer l'inquiétude de milliers de parents francophones, qu'est-ce qui se passe? Pourquoi le niveau des enfants francophones ne parvient-il pas à décoller?

Pierre-Yves Jeholet: On aura des tests PISA (NDLR: le programme international de l'OCDE pour le suivi des acquis des élèves (PISA) évalue les systèmes d'éducation du monde entier) en décembre. On verra bien ces résultats. Mais c'est vrai que par rapport à l'argent public investi depuis des dizaines d'années dans l'enseignement on voit que la qualité n'est pas suffisante. C'est pour ça qu'on a mis le pacte d'excellente en place. Il y a une mise en œuvre des mesures du pacte, qui ne produisent pas encore tous leurs effets aujourd'hui. Est-ce que ce sera suffisant? Non. Je pense qu'à un moment donné, il y aura des économies à faire. Plus d'efficacité aussi. Quand on voit les lourdeurs administratives dans les écoles. Les statuts, il faut une harmonisation, une simplification des statuts. Il faut un seul réseau d'enseignement dans le public, à côté du réseau de l'enseignement libre. Et puis des mesures très concrètes pour lutter contre le décrochage scolaire. L'obligation à trois ans, par exemple. C'est une mesure très forte.

Martin Buxant: C'est quoi ça? Expliquez.

Pierre-Yves Jeholet: Aujourd'hui, l'enfant est obligé d'aller à l'école à partir de cinq ans. 

Martin Buxant: Oui, l'obligation scolaire à partir de trois ans.

Pierre-Yves Jeholet: Et puis faire aussi une évaluation des apprentissages fondamentaux. Lire, écrire, calculer beaucoup plus tôt pour éviter le décrochage. Et puis, vous savez, il faut remettre des valeurs dans l'école. Le goût du travail, le goût de l'effort. Et aussi le respect. Le respect de son enseignant. Le respect du directeur. 

Martin Buxant: Il n'y a plus de respect? Il y a moins de respect?

Pierre-Yves Jeholet: Pas assez. Je pense que l'enfant-roi n'a pas sa place à l'école. Aujourd'hui, certains parents se déresponsabilisent de l'éducation de leurs enfants. Ça, ça ne va pas. 

Martin Buxant: Et les professeurs, est-ce qu'ils sont moins bien formés qu'auparavant? On voit que dans les classements internationaux ça ne va pas.

Pierre-Yves Jeholet: Non, ils ne sont pas moins bien formés. On sait évidemment que c'est difficile parce que l'école est le reflet de la société. Et on rencontre beaucoup de problèmes dans la société. Je parle du respect. On pourrait parler de la violence, du harcèlement. Donc on ne peut pas non plus faire reposer toute l'éducation des enfants sur les épaules des enseignants. C'est trop souvent le cas. Il y a une déresponsabilisation de certains parents dans l'éducation de leurs enfants. Donc à un moment, on doit revenir avec ces valeurs au cœur de l'école.

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