Partager:
Le gouvernement De Wever est formé. Le nationaliste flamand va diriger le pays. Qui est-il et comment est-il devenu si populaire?
Bart De Wever; 54 ans, Flamand. Le jour où il débarque dans la vie des francophones, c'est pour les traiter de junkies, de drogués qui reçoivent de l'argent en perfusion du Nord du pays. L'opération des faux billets est organisée à Strépy. L'objectif ? Dénoncer le transfert d'argent du nord au sud du pays.
Bart De Wever est le roi des coups médiatiques, avec un regard parfois fuyant, mais avec des idées toujours bien tranchées. "Ce n'est pas parce qu'on pense qu'on est de mauvais époux qu'on ne peut pas être de bons voisins", a-t-il ainsi affirmé lors d'un meeting. "Toute la Flandre dit "oui", mais les francophones n'ont pas fort envie d'une réforme de l'État. Ça sera difficile", a-t-il ajouté lors d'une négociation à Val Duchesse.
Le président de la N-VA s'est aussi positionné en Calimero : "J'ai l'impression, en lisant les journaux francophones, chaque jour, surtout Le Soir, qu'on m'accuse d'être un criminel".
Bart De Wever est un passionné de Flandre. Enfant, il baigne dans les rêves d'autonomie et d'indépendance. Son grand-père est membre du VNV (Vlaamse Nationaal Verbond), parti nationaliste, qui a collaboré. Son père est un militant de la Volksunie.
Il a vingt-six ans lorsqu'il assiste à une conférence de Jean-Marie Le Pen dans un cercle nationaliste. Pris en photo derrière l'invité, il ne partage cependant pas les idées qu'il entend ce soir-là. Il qualifiera le fondateur du Front National de frimeur et de poujadiste.
Je voudrais bien être un César, un leader visionnaire
L'histoire est son autre passion, celle de la Rome antique. À tel point que pour son mariage, des légionnaires au garde-à-vous le saluent à la porte de l'église. Sa cité, c'est Anvers. SPQR pour Rome est devenu SPQA, pour Anvers. Le sceptre romain porté par son fils lors des dernières élections trône d'habitude dans son bureau de bourgmestre.
Il aurait aimé être Jules César, mais estime ne pas en avoir l'étoffe : "Je voudrais bien être un César, un leader visionnaire, avec beaucoup de force de décision et une audacité, mais je me rends compte que je suis plutôt un homme qui doute, un homme qui essaie de réconcilier différentes opinions, et qui n'est pas révolutionnaire, qui n'oserait jamais comme César dire "bon, maintenant je passe le Rubicon et c'est fini"".
Vie privée
Bart De Wever est marié et père de quatre enfants. En 2008, il nous recevait dans sa maison de Deurne, en banlieue anversoise. Un des rares moments où il s'est livré sur sa vie privée à la télévision francophone. "Moi, un grand romantique ? Non, pas du tout. Vous vous trompez, je ne suis pas romantique du tout. Je pense que ma femme a dû s'adapter à la vie politique. Moi, j'ai changé le contrat entre nous, unilatéralement", confie-t-il à la caméra.
Sa femme, qui se confie alors sur le défaut de gourmandise de son mari... Et c'est bien la passion la plus dévorante contre laquelle Bart De Wever a dû se battre : la nourriture et ses 142 kilos sur la balance. Une obésité qu'il a vaincue en perdant 65 kilos en neuf mois à peine.
Bart De Wever, c'est aussi un féroce sens de l'humour. Preuve à l'appui avec cette apparition surprise lors de la soirée des Oscars de la télévision flamande où il y apparaît, déguisé en panda.
Ce dernier, président de parti depuis vingt ans, a encore une fois réussi à convaincre les Flamands, alors que tout le monde le donnait perdant derrière le Vlaams Belang.
Aujourd'hui, il ne lui reste qu'un défi: convaincre les francophones. "Je peux comprendre vos inquiétudes concernant les projets de mon parti", dit-il dans une vidéo. "Tout ce que je vous demande, tout ce que j'espère, c'est que vous m'accordiez le bénéfice du doute".