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La présidente du Parlement européen Roberta Metsola a lancé une procédure d'urgence pour la levée de l'immunité des eurodéputés belge Marc Tarabella et italien Andrea Cozzolino, à la suite d'une demande des autorités judiciaires belges dans le cadre de la vaste enquête sur des faits présumés de corruption et de blanchiment d'argent autour du Parlement européen, en lien avec le Qatar et le Maroc.
Le Belge, qui dit "soutenir" la levée de son immunité dès lors qu'elle est demandée par la Justice, ainsi que l'Italien avaient déjà été suspendus par leur groupe politique au Parlement européen (S&D, socialistes et socio-démocrates) ainsi que par leur parti national respectif (le PS belge et le Parti Démocrate italien), le temps de la procédure judiciaire.
Le domicile de M. Tarabella avait été perquisitionné le 10 décembre dernier, en présence de la présidente Metsola. L'ex-ministre wallon et bourgmestre d'Anthisnes assure n'avoir rien à cacher et collaborer avec la justice. Il nie toute implication dans une quelconque corruption par le régime qatari. Marc Tarabella siège depuis 2004 au Parlement européen où il est notamment, sous cette législature, vice-président de la délégation parlementaire avec la péninsule arabique (DARP). "Depuis le début de ce dossier, Marc Tarabella répète qu'il est à la disposition de la justice et a même demandé à être entendu rapidement afin de pouvoir se défendre. Il a également dit qu'il ne se cacherait pas derrière son immunité parlementaire, n'ayant rien à se reprocher. Il soutient donc sa levée d'immunité si celle-ci est demandée", a affirmé son avocat, Me Maxim Toller, dans une réaction à Belga.
La demande de levée d'immunité devrait être annoncée en plénière le 16 janvier avant d'être confiée à la commission des affaires juridiques du Parlement, qui délivrera une recommandation à soumettre au vote en plénière. La présidente Metsola a demandé à tous les services et commissions de donner priorité à cette procédure, en vue de sa conclusion au 13 février prochain. Le principal suspect dans cette affaire de corruption et d'ingérence présumée du Qatar et du Maroc sur le processus décisionnel du Parlement européen est l'ex-eurodéputé italien Pier Antonio Panzeri, fondateur de l'ONG "Fight Impunity". Il est en détention préventive en Belgique, tout comme trois autres protagonistes, l'eurodéputée grecque Eva Kaili et son compagnon Francesco Giorgi, ainsi que Niccolo Figa-Talamanca, responsable de l'ONG "No Peace Without Justice", active dans la sphère européenne.
Ces quatre personnalités ont été inculpées pour "appartenance à une organisation criminelle", "blanchiment d'argent" et "corruption", dans un scandale qui a provoqué une onde de choc au Parlement européen et des tensions entre le Qatar et l'UE. Lors de leurs perquisitions, les enquêteurs belges avaient saisi plus de 1,5 million d'euros d'argent liquide.
"Dès le début, le Parlement européen a fait tout ce qui était en son pouvoir pour aider les enquêtes en cours et nous continuerons à veiller à ce qu'il n'y ait pas d'impunité. Les responsables trouveront ce Parlement du côté de la loi. La corruption ne peut pas payer et nous ferons tout pour la combattre", a déclaré Roberta Metsola, dans un communiqué. La Maltaise élabore également des propositions de réforme qui seront présentées dans les semaines à venir, prévoyant une révision des règles actuelles et l'amélioration des systèmes internes, notamment en matière de contrôle.