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"Ouvrir la route et aller au bout, quel sentiment fantastique!" Le jeune Allemand Georg Steinhauser, neveu de Jan Ullrich, a réalisé un numéro en montagne mercredi pour remporter la 17e étape du Tour d'Italie devant Tadej Pogacar au sommet du Passo del Brocon.
A quatre étapes de l'arrivée finale dimanche à Rome, les choses se précisent pour le classement général. Inaccessible, Pogacar, deuxième de l'étape à 1 min 24 sec du vainqueur, a encore consolidé son maillot rose avec une avance désormais de 7 min 42 sec sur son dauphin, le Colombien Daniel Martínez.
Derrière, la lutte pour le podium tourne de plus en plus en plus à un duel entre Martinez et le Britannique Geraint Thomas, troisième à 8:04.
Les deux hommes faisaient partie d'un petit groupe de cinq coureurs (avec Antonio Tiberi, Einer Rubio et Romain Bardet) arrivé 18 secondes après Pogacar, qui les a semés sans forcer à deux kilomètres de l'arrivée parce qu'il "ne peut pas s'empêcher de faire la course", selon Bardet, cramponné à la septième place au général.
"C'est l'histoire de ce Giro: on laisse partir +Pog+ et on se bat en petit comité derrière", a résumé Geraint Thomas.
L'homme qui était le mieux placé pour s'immiscer dans la lutte pour le podium, l'Australien Ben O'Connor, a perdu 41 secondes sur ses rivaux. Il est toujours quatrième, à 9:47 de Pogacar, mais n'est "pas au mieux". "J'ai du mal à respirer, je me bats contre quelque chose", a déploré le grimpeur de Décathlon-AG2R La Mondiale, entre deux quintes de toux.
Il reste quatre étapes, dont deux en montagne vendredi et samedi, pour geler les positions.
- "L'avoir à l'oeil" -
Pour Georg Steinhauser, le Giro, son premier grand Tour, est déjà réussi au-delà de toutes ses espérances. "Il l'était déjà après ma troisième place dimanche lors de l'étape-reine (à Livigno, NDLR). Là ça dépasse tout, je suis incroyablement heureux", a jubilé le coureur de 22 ans.
Le jeune Allemand de l'équipe EF Education connaît le poids d'une première victoire professionnelle, surtout sur une grande course comme le Giro, lui qui vient d'une famille de cyclistes avec un père, Tobias, ancien professionnel pour la Mapei et T-Mobile, et un oncle par alliance, Jan Ullrich, star déchue du peloton.
"Mon père m'a toujours laissé prendre mes propres décisions, il a couru à une autre époque, a-t-il dit. Je n'ai jamais vraiment eu d'idole mais je regardais Froome sur le Tour de France ou Kwiatowski gagner Milan-Sanremo pour quelques millimètres. Je rêvais de réussir quelque chose de similaire."
De fait, il a crevé l'écran avec un raid de plus de cinquante kilomètres dans les Dolomites, d'abord en compagnie de l'Erythréen Amanuel Ghebreigzabhier, puis tout seul.
"Ce matin en allant à la signature, je me suis dit: merde, tu as de bonnes jambes, tu peux gagner", a-t-il raconté. "Alors je suis allé dans la première échappée", avec une nouvelle fois Julian Alaphilippe dans le lot, "puis on a été repris et je suis parti à l'attaque une deuxième fois. Ouvrir la route et aller au bout, quel sentiment fantastique!"
Une fois isolé, le longiligne Allemand (1,89 m pour 65 kg), qui a travaillé comme apprenti dans la métallurgie jusqu'en 2022, a impressionné par sa maîtrise, alors qu'il roulait sans capteur de puissance, contrairement à la plupart de ses collègues.
"J'ai fait aux sensations", a expliqué Steinhauser qui a parfaitement géré la deuxième ascension du Passo del Brocon, se débarrassant de ses gants et de ses lunettes "pour m'alléger au maximum".
"Chapeau à lui, il a fait une étape incroyable", a applaudi Pogacar, persuadé que l'Allemand "sera un grand coureur à l'avenir" et peut-être un futur concurrent. "Il faudra l'avoir à l'oeil", a dit le Slovène.