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Le tir à air comprimé. Vous aussi, vous l'avez sans doute déjà essayé, dans une des nombreuses foires de notre pays. En apparence, rien de bien compliqué: il faut être précis, c'est tout. Et pourtant. Nous avons rencontré certains experts de la discipline pour nous rendre compte de la complexité de ce sport, très particulier et qui développe des capacités qui vont au-delà du physique.
Juliette, par exemple, a 16 ans. Enfant, Elle découvre le tir grâce à son grand-père. Aujourd’hui, elle en fait son sport. Dans sa valise, une carabine de 5 kilos, qui aura coûté entre 2 et 5.000 euros. Dans son sac, Juliette a aussi emmené toute sa tenue, un pantalon, des chaussures, une veste. Rien n'est laissé au hasard. Cet équipement, très rigide, doit permettre de travailler toutes les parties du corps.
"Les chaussures, c'est pour rester bien à plat. Le pantalon, c'est pour garder la rigidité de notre bassin et de nos genoux", raconte Nathan Deprez, double champion de Belgique chez les juniors, interrogé par Serge Vermeiren. La rigidité est telle qu'il vaut mieux ne pas tomber. "Si on tombe, on appelle à l'aide", plaisante même le jeune homme.
Une épreuve de tir à air comprimé consiste à tirer 60 coups en 1h15. La cible électronique se situe à 10 mètres de distance. Le but, toucher le plus souvent possible le centre de la cible, synonyme d’un plus grand nombre de points. La discipline demande une énorme concentration et une bonne lecture de la trajectoire. Il faut aussi maîtriser sa respiration.
"Si je me mets en apnée, je vais commencer à bouger. Il faut que ce soit une respiration contrôlée, lente, qui ne me fasse pas bouger. Même les battements de cœur, on les sent", détaille même Rachel Navez, vice-championne de Belgique en 20223. La Fédération belge francophone de tir compte 19 000 membres réparti dans une centaine de clubs.
24 écoles de jeunes permettent de former les champions de demain. Et ce dès l’âge de 8 ans.
Si l’image d’une arme est souvent négative, la fédération bannit tout mauvais comportement avec une carabine, en mettant en place des commissaires de tir, prêts à intervenir au moindre problème. Si les exigences de la discipline sont bien loin du plaisir du tir à la foire, il est toujours possible de gagner dans les deux concours. "C'est à ce moment-là qu'on essaie de ramener de beaux cadeaux sans se faire remarquer. Quand j'arrive ou quand je repars, ils ne font pas la même tête", plaisante Nathan Depreez.
Après avoir perdu de nombreux affiliés lors des restrictions liées au covid, la fédération voit une nouvelle génération de tireurs se profiler. Avec l’ambition de qualifier un représentant pour les jeux olympiques de 2028.