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Patrick Mahomes, Travis Kelce (Kansas City), Tevin Coleman et Raheem Mostert (San Francisco), vedettes annoncées du Super Bowl dimanche, sont Afro-Américains comme 70% des joueurs évoluant en NFL, une ligue dont les franchises rechignent encore beaucoup à engager des entraîneurs de couleur.
"De toute évidence, nous ne sommes pas là où nous voulons être", a convenu mercredi le commissaire de la Ligue nationale de football américain, Roger Goodell, à quatre jours du 54e Super Bowl qui opposera sur la pelouse du Hard Rock Stadium de Miami les Kansas City Chiefs aux San Francisco 49ers.
La NFL, par le biais de la "règle Rooney" instaurée en 2003, a pourtant été l'une des premières ligues professionnelles à exiger des clubs qu'ils fassent passer des entretiens d'embauches à au moins un candidat issu des minorités pour des postes d'entraîneur et de cadre technique.
Le résultat est peu probant, puisque seuls trois des 32 postes d'entraîneur principal sont occupés par des personnes issues des minorités: Mike Tomlin dirige depuis 2007 les Pittsburgh Steelers qu'il a menés à la victoire au Super Bowl en 2009, Anthony Lynn entraîne les Los Angeles Chargers depuis 2017 et Ron Rivera vient d'être nommé à la tête des Washington Redskins.
"Nous avons consacré beaucoup de travail pour corriger cela. Mais il est clair que nous devons changer et faire quelque chose de différent. Sinon, il n'y a aucune raison de s'attendre à un résultat autre l'année prochaine", a déclaré Goodell, ajoutant que la NFL avait prévu une série de réunions pendant l'intersaison pour "réfléchir aux mesures à prendre".
La très faible représentation des techniciens afro-américains à ces postes majeurs se remarque d'autant mieux que Kansas City compte en son staff Eric Bieniemy. En charge de la coordination offensive, cet homme noir de 50 ans est pour beaucoup dans le succès des Chiefs cette saison.
Même si son travail est reconnu depuis plusieurs années, aucune de ses candidatures pour sept postes d'entraîneur vacants n'a été retenue ces deux dernières années.
- L'exemple Bieniemy -
De quoi déconcerter de nombreuses personnes, en premier lieu Andy Reid, son coach principal à Kansas City. "Je vois. Mais je ne comprends pas", a-t-il déclaré cette semaine.
"Je suis le plus grand fan d'Eric Bieniemy au monde. Je sais à quel point il est bon. Je pense qu'il serait un excellent entraîneur", a-t-il ajouté.
L'intéressé, dont tous les observateurs s'accordent à dire qu'il a transformé le jeu offensif des Chiefs, affirme rester imperturbable face à ces échecs.
"Je ne peux pas parler des opportunités de qui que ce soit d'autre, mais les opportunités que j'ai eues, j'ai été très chanceux de les avoir", a déclaré Bieniemy à l'AFP, sans trahir de rancoeur.
"Je vais donc continuer à travailler dur et à un moment donné, quelqu'un pourra décider de me prendre. Je sais qui je suis, je sais à quel point je travaille, à quel point je suis passionné par ce que je fais. Si ça arrive, ça arrive", a-t-il poursuivi.
Certains joueurs ont adopté un autre ton.
"Il s'agit d'une ligue afro-américaine à 70% et je pense que pour les entraîneurs, on arrive à quelque chose comme 10%. Je pense que ce devrait être au moins 50-50. Mais je ne pense pas que les propriétaires le veuillent", a dit Richard Sherman, cornerback des 49ers.
"Apparemment pour qu'un candidat qualifié (comme Bieniemy) soit considéré, il faut qu'il en fasse encore plus et je pense qu'il l'a fait", a ajouté Sherman.
"Il a pris un quarterback dans sa deuxième année, Patrick Mahomes, et l'a aidé à devenir MVP (meilleur joueur, NDLR) la saison passée. Mahomes mérite également beaucoup de crédit pour cela, mais il y a un gars qui à l'origine des systèmes de jeu qui en mérite une tonne", a-t-il argué.
Pour LeSean McCoy, défenseur des Chiefs, "il est temps pour Bieniemy" d'être engagé en tant qu'entraîneur principal. "Son nom ne cesse d'être évoqué. Je pense qu'il finira par trouver un emploi", a-t-il estimé.