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Du nord du Canada à la Terre de feu d'Argentine, Arnaud a traversé les Amériques sans moteur: "Je voulais prouver que c'est possible"

De l'Arctique à la Terre de feu, au sud de l'Argentine, Arnaud a parcouru 35 000 km en six ans, une leçon de courage et de dépassement de soi.

Partir traverser les Amériques du nord au sud, sans utiliser de moyens de transport motorisés : tel était le défi qu'a relevé Arnaud, un jeune Belge diplômé en sciences économiques, prêt à tout pour explorer les limites de l'humain. Pendant plus de six ans, il a sillonné 17 pays et parcouru 35 000 kilomètres dans des conditions souvent extrêmes. "Je voulais prouver qu'il est possible d'entreprendre une aventure totalement autonome, en harmonie avec la nature et sans dépendre des transports motorisés", explique-t-il. Un projet audacieux, construit sur un mélange de préparation minutieuse, d'endurance physique et mentale, et de résilience face aux aléas.

L'aventure, Arnaud l'a méticuleusement préparée. "Je me suis préparé pendant deux ans, allant jusqu'à suivre des cours spécifiques, notamment en voile", confie-t-il. En parallèle, il s'est initié à l'équitation, au ski kite et à plusieurs autres disciplines essentielles pour un tel périple. Ces efforts l'ont conduit à voyager, même avant le départ officiel, pour accumuler connaissances et aptitudes. "Quand il fallait apprendre la voile, je me suis inscrit à des cours en France. Le reste, notamment le maniement des équipements et les stratégies de survie, je l'ai appris par moi-même", ajoute-t-il. Le 15 janvier 2018, à 28 ans, Arnaud démarrait enfin son expédition, prêt à affronter l'inconnu.

De l'Arctique à la Terre de feu

La première étape de son périple le mena à travers les paysages glacés de l'Arctique, où il parcourut 1 700 kilomètres dans des températures extrêmes atteignant jusqu'à moins 50 degrés. "Je n'ai pas vu d'arbres pendant 100 jours. C'était comme marcher sur la lune, un désert glacé mais féerique", se remémore-t-il. Mais derrière cette beauté sauvage se cachaient des dangers bien réels, comme une rencontre avec un ours polaire qui aurait pu lui coûter la vie. "C'est important d'avoir peur. La peur nous garde vigilants dans ces moments critiques", affirme Arnaud, conscient que son état d'esprit et sa prudence étaient ses meilleurs alliés face à la nature imprévisible.

Le périple ne manqua pas de défis logistiques et humains. Lors de son avance à travers le continent, la pandémie de Covid-19 bouleversa ses plans. Coincé dans les Caraïbes pendant deux ans, il dut redoubler d'ingéniosité pour subsister. "Ce ralentissement m'a forcé à m'adapter et à gérer un budget limité. Je vivais au jour le jour, constamment à la recherche de solutions", explique-t-il. Ces deux années de débrouillardise furent marquées par l'imprévu, mais elles lui apprirent aussi la patience et la gestion de situations nouvelles. Malgré cette longue pause contrainte, l'envie de continuer son périple resta intacte.

3 400 kilomètres... à la rame

Parmi les jalons marquants de son aventure, la traversée de l'Amazonie figure en bonne place. Pendant huit mois, il s'y déplaça, à la pagaie, sur 3 400 kilomètres de rivières en crue, souvent au cœur de forêts inondées. "Le niveau de l'eau monte énormément pendant les crues, la forêt est donc totalement inondée et vous pouvez faire des raccourcis en pagayant dans la forêt. Je me perdais régulièrement, mais avec les GPS modernes, on apprend à s'en sortir", assure Arnaud. Il dormait dans un hamac suspendu aux arbres, son seul abri face à l'immensité de la jungle. "C'était fascinant de s'enfoncer dans ces paysages où la nature est reine. Cependant, le danger était constant, et le moindre faux pas pouvait avoir des conséquences graves", se souvient-il en évoquant ces mois d'efforts intenses.

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©RTL sports

Les défis physiques et émotionnels furent nombreux, mais Arnaud estime que ces expériences l'ont profondément transformé. "L'un des objectifs de l'expédition était de mieux me comprendre. Je pense y être arrivé, en repoussant des limites que je ne pensais pas pouvoir dépasser", confie-t-il. Plus qu'une exploration géographique, ce périple fut une découverte de soi et des autres. "Rencontrer des gens vivant de manière très différente m'a appris beaucoup d'humilité. Cela m'a montré à quel point nos vies peuvent être diversifiées et enrichissantes", ajoute-t-il, marqué par la générosité des rencontres faites en chemin.

L'appel de l'aventure

De retour en Belgique après six ans et demi d'absence, Arnaud retrouve sa famille, ses amis et sa ville natale de Bruxelles. Il profite de ce retour au bercail pour réfléchir à son parcours et préparer ses prochaines aventures. "Ces six années furent intenses et enrichissantes, mais j'envisage désormais des expéditions plus courtes, même si elles resteront insolites", assure-t-il. Les pôles Nord et Sud, avec leurs paysages extrêmes, restent une obsession pour cet explorateur dans l'âme. "L'Arctique et l'Antarctique continuent de me fasciner. Ce sont des terres qui challengent l'humain au plus haut degré", conclut-il.

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