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Julian Alaphilippe en jaune sur les Champs-Elysées ? L'hypothèse, fantasmée par le public du Tour de France, est loin d'être rejetée par les techniciens des trois équipes françaises du WorldTour d'autant plus impartiaux que le champion du monde court dans une équipe belge.
Interrogé la semaine passée, l'intéressé a plutôt botté en touche: "Je ne sais pas. C'est peut-être quelque chose que je peux envisager. Je ne veux pas dire non, je ne le ferai jamais. On verra déjà sur le Tour de cette année, je veux en profiter avec mon maillot arc-en-ciel et voir comment ça se passe."
La suite du propos est restée aussi évasive: "Pour prendre le départ d'un grand Tour avec la victoire finale à l'esprit, il faut y réfléchir avec l'équipe, avec mon entraîneur. Je pense que ça sera compliqué de gagner le Tour cette année, mais pourquoi pas l'an prochain ?"
Compliqué... mais pas inenvisageable à en croire les responsables des trois équipes françaises de l'élite qui insistent tous auprès de l'AFP sur la nature du parcours de cette 108e édition compatible avec les qualités du chef de l'équipe de la formation Deceuninck (5e en 2019).
"Julian a moins couru que d'habitude. Cela veut-il dire qu'il se concentre sur le classement général ?", se demande Vincent Lavenu (AG2R Citroën). "Lui le sait et son équipe aussi mais ce n'est pas notre cas".
"Le parcours lui convient. Quand Alaphilippe est au top niveau il passe la haute montagne", estime Lavenu qui souligne aussi l'expérience acquise par le Français (29 ans), porteur du maillot jaune pendant 14 jours en 2019 et 3 jours l'an dernier: "Il y a deux ans, il n'était pas loin du compte en dépensant beaucoup d'énergie dans sa façon de courir. Il a appris dans la gestion des trois semaines à bien calculer, à savoir où il faut mettre les coups de pédale au bon moment."
- "Il sait répondre" -
"C'est un très bon parcours pour lui", confirme Yvon Madiot (Groupama-FDJ). "Le Tour est dessiné pour lui, volontairement ou non, avec des arrivées au bas des descentes et pas énormément de montagne. On a déjà vu par le passé qu'il pouvait passer les cols avec les meilleurs".
Seuls bémols posés par le Mayennais, le profil des contre-la-montre trop roulants pour le champion du monde ("Roglic et Thomas auront l'avantage sur lui", estime-t-il) et surtout l'intention profonde du coureur: "Est-ce qu'il a envie de faire trois semaines sous pression ? Je ne sais pas."
Alain Deloeuil (Cofidis) est plus optimiste encore sur les chances du Français: "C'est un coureur qui passe partout, un super coureur, il n'est pas champion du monde pour rien. Il n'a pas beaucoup de lacunes mis à part peut-être en haute montagne. Maintenant, il va falloir le décrocher et pour pouvoir le décrocher, il faudra vraiment s'y employer. Il faudra vraiment de la castagne, parce qu'il sait répondre."
"Il l'a prouvé il y a deux ans, il est capable d'aller gagner le Tour, et ça ferait du bien au cyclisme français", estime Deloeil, sur la même ligne au fond que le directeur du Tour Christian Prudhomme qui a répondu à l'AFP: "Alaphilippe n'est pas le grand favori mais il est à mon sens le seul Français qui peut gagner le Tour. On sait qu'il répond présent quand il se fixe des rendez-vous." Mais s'est-il donné ce rendez-vous ?