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Soupçons de favoritisme dans le rugby: Laporte et Altrad jugés en septembre

Un procès pour deux piliers du rugby français: le patron de la FFR Bernard Laporte et l'homme d'affaires Mohed Altrad, propriétaire du club de Montpellier, seront jugés à Paris en septembre pour des soupçons de favoritisme, notamment autour du sponsoring du XV de France.

Au terme d'une enquête du parquet national financier (PNF), MM. Laporte et Altrad comparaîtront du 7 au 22 septembre notamment pour "trafic d'influence", "corruption" et "abus de bien sociaux", pour des faits allégués allant de 2016 à 2021.

Le numéro 2 de la Fédération française de rugby (FFR), Serge Simon, sera également jugé devant le tribunal correctionnel pour prise illégale d'intérêt, selon le PNF, confirmant une information de Midi Olympique.

Le PNF avait ouvert une enquête préliminaire en 2017 pour examiner entre autres les liens entre l'ancien sélectionneur du XV de France et son ami proche et grand argentier du rugby, à la tête du groupe de BTP Altrad et du club du Top 14 Montpellier Hérault Rugby (MHR).

La justice soupçonne Bernard Laporte d'avoir soutenu le projet, avorté, de rachat par M. Altrad du club anglais de Gloucester et d'être intervenu en juin 2017 auprès du président de la commission d'appel de la FFR, Jean-Daniel Simonet, pour alléger des sanctions contre le MHR.

Et ce, en contrepartie du contrat d'image de 180.000 euros conclu en février 2017 avec une société de Mohed Altrad, la SAS Altrad Investment Authority (AIA).

Après la révélation de l'existence de contrat à l'été 2017, M. Laporte avait annoncé y renoncer.

La justice reproche aussi à l'ancien secrétaire d'Etat aux Sports de Nicolas Sarkozy (2007-2009) d'avoir signé en mars 2017, au nom de la FFR, un contrat de partenariat avec AIA en soutien à la candidature de la France pour la Coupe du monde 2023, sans mise en concurrence et sans respecter les procédures.

Surtout, M. Laporte aurait usé de son influence pour que soit choisie en février 2018 la société de Mohed Altrad comme sponsor officiel du XV de France à un prix préférentiel, au terme d'une procédure trop rapide, sans publicité ni transparence suffisantes, selon l'accusation.

- "Construction intellectuelle" -

"Les accusations portées contre M. Laporte sont le fruit d'une construction intellectuelle qui, non seulement repose sur un procès d'intention, mais sont directement démenties par les éléments objectifs présents au dossier que le PNF a sciemment occultés", a déclaré l'avocat de Bernard Laporte, Me Jean-Pierre Versini-Campinchi.

"L'ouverture du contradictoire devant le tribunal permettra de démontrer que M. Laporte n'a toujours agi que dans un seul et unique intérêt, celui de la FFR", a-t-il ajouté.

Mohed Altrad avait alors également rejeté les accusations de favoritisme sur Sud Radio.

Le PNF s'est appuyé notamment sur un rapport de 76 pages de la Brigade de répression de la délinquance économique (BRDE), révélé par le quotidien L'Equipe en janvier.

Dans ce rapport, les policiers évoquent le contrat de sponsoring accordé en 2018 pour 6,8 millions d'euros. Une première estimation avait évalué le sponsor à 9,9 millions d'euros, selon le quotidien sportif.

En septembre 2020, cinq personnes, parmi lesquelles Altrad, Simon et Laporte, avaient été placées en garde à vue, quelques jours avant la réélection du dernier nommé à la tête de la FFR.

Mohed Altrad, milliardaire d'origine syrienne, est devenu l'une des plus grandes fortunes françaises après avoir fait d'une modeste entreprise héraultaise d'échafaudages un empire mondial.

Le groupe Altrad, également sponsor officiel des XV de France féminin et jeunes, est aussi depuis le début de l'année le sponsor des légendaires All Blacks de Nouvelle-Zélande.

Les avocats de Mohed Altrad, Me Antoine Vey, et de Serge Simon, Me Pierre Blazy, n'ont pas répondu jeudi aux sollicitations de l'AFP.

Les autres personnes citées dans le dossier, dont Claude Atcher, le directeur général du comité d'organisation du Mondial 2023 de rugby, ne sont, à ce stade, pas citées à comparaître, selon le PNF.

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