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Après 23 ans de carrière, un palmarès époustouflant (plus d'une dizaine de trophées majeurs!) et plusieurs centaines de buts inscrits, l'ex-attaquant camerounais s'est lancé de nouveaux défis: la reprise de ses études pour "gagner comme entraîneur" comme il a pu le faire "en tant que joueur".
Si on devait choisir un instant de votre carrière, quel serait votre meilleur souvenir ?
"J'en ai plusieurs et ce serait vraiment difficile de choisir! Je dirais quand même ma première Coupe d'Afrique gagnée avec l'équipe nationale (en 2000). Parce que c'était ma première CAN, un moment inoubliable, et que je sortais de ce Mondial-1998 en France avec l'espoir d'écrire une belle histoire. Je ne partais pas titulaire dans cette magnifique équipe, au final j'ai joué et j'ai apporté ma contribution. C'est un beau souvenir".
A contrario, quel est votre plus grand regret ?
"Je n'en ai vraiment pas. Quand je regarde un peu les autres, je me dis que j'ai eu beaucoup de chance. Parce que même si vous avez du talent, il vous faut ce petit facteur chance, même si je suis toujours allé la chercher. Je m'étais dit, à un moment donné, qu'avec ces magnifiques joueurs que j'ai côtoyés au Cameroun, on aurait pu aller chercher la Coupe du monde. Bon, ce n'est pas arrivé... C'est le seul trophée qui me manque mais j'ai passé des moments inoubliables avec cette équipe".
Avec ce palmarès énorme (trois Ligue des champions, deux CAN, médaille d'or aux JO), quelle trace estimez-vous laisser dans l'histoire du foot ?
"L'héritage. Le plus difficile aurait été de partir des stades sans voir certains jeunes émerger. Aujourd'hui quand vous voyez l'équipe nationale du Cameroun (André Onana, Fabrice Ondoa, ...), vous voyez qu'avec mes collaborateurs (de la Fondation Eto'o), nous avons essayé d'apporter une contribution qui est là. Je pense que c'est notre plus belle oeuvre".
Vous n'avez pas peur aussi de clamer que vous être le meilleur joueur africain de l'histoire...
"Je n'ai pas besoin de le dire, c'est un fait (sourire)".
Ce n'est pas George Weah, seul Africain à avoir remporté le Ballon d'Or ?
"J'ai beaucoup de respect pour tous ces aînés mais nos carrières sont là et parlent pour chacun de nous. Il y a des débats qui ne servent à rien. Je n'ai pas besoin de le revendiquer, c'est un fait. Qu'on l'accepte ou pas, c'est un fait (sourire)".
Justement au-delà de vos buts, laisserez-vous aussi l'image d'un joueur avec un franc-parler légendaire ?
"Chacun a le droit de se faire son opinion. Quand vous êtes Africain, on vous juge toujours. Ce qui est inacceptable, c'est que les premiers (à le faire) ce sont toujours les Africains. Je les appelle souvent les 'nègres de maison' (rires). Ceux-là ne m'enlèvent rien car je suis fier d'être Africain, je n'ai pas de complexes".
Au risque de passer pour quelqu'un qui a la "grosse tête" ?
"J'ai écrit mon histoire face à tous ces coéquipiers et adversaires qui venaient d'un peu partout. Je n’ai rien à envier aux autres. Quand je regarde d'où je viens et où je suis arrivé, je me dis que j'ai le droit d’être fier. Cela ne veut pas dire que j'ai une 'grosse tête', loin de là. Mais dans ce monde, on apprécie plus les marionnettes qu'autre chose, et je n'accepte pas de l'être".
Auriez-vous réussi la même carrière sans cet orgueil hors du commun ?
"Je me souviens en 2006, quand Zizou donne ce coup de boule, on l'a traité de tout. Mais il reste Zizou (sourire). S'il n’avait pas été la personne qu'il est, il n'aurait pas écrit cette histoire. Pour devenir le meilleur, il faut avoir ce caractère-là. C'est ça qui nous rend différent des autres. Je n'ai pas besoin de cacher la personne que je suis, et c'est pourquoi j'ai réussi dans tous mes clubs".
Votre reconversion est déjà prête avec un poste de conseiller de la présidence de la CAF. Une carrière d'entraîneur comme Zinédine Zidane, cela vous plairait ?
"Je sais que mon prochain défi sera, au minimum, de gagner comme entraîneur comme je l'ai fait en tant que joueur. J'aimerais le faire en Europe. Et puis un jour, retourner en Afrique et essayer de gagner là-bas. Je ne sais pas perdre".
Vous avez déjà des pistes ?
"La chance que j'ai est d'avoir écrit une histoire dans différents clubs. J'ai beaucoup plus de portes ouvertes que d'autres, mais comme vous le savez, il faut être bien préparé (...) Je suis en train de reprendre mes études, chose qui n'est pas facile. Je veux apprendre, avoir mes diplômes, comprendre comment les choses fonctionnent que ce soit dans mes 'business' personnels ou dans ma future carrière. Pour revenir avec un bagage nécessaire, affronter ces choses (...) dans 12 ou 24 mois et commencer une autre carrière, qui j'espère, sera aussi belle".
Quel style d'entraîneur avez-vous envie d'être: un José Mourinho ou un Pep Guardiola ?
"Je suis fan d'un Guardiola. Je suis un amoureux du foot, je me dis qu'il faut gagner avec la manière. Le foot, c'est comme aller au théâtre: c'est beau d'aller au stade et d'y voir un beau spectacle. Quand vous regardez les équipes de Guardiola jouer, vous ne vous ennuyez jamais parce que vous voyez une équipe qui défend avec le ballon, qui attaque, qui crée des espaces... Vous voyez des actions magnifiques !".