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NBA: Nicolas Batum prêt pour "une nouvelle étape" chez les Clippers

Après une fin de parcours dans l'ombre à Charlotte, rares étaient ceux qui imaginaient Nicolas Batum rebondir aux Clippers, des prétendants au titre. Etre déprécié "m'a affecté", confie-t-il à l'AFP, déterminé à tenir le rôle de "facilitateur" qu'on lui connaît, à l'aune d'une "nouvelle étape" de sa carrière.

Q: Comment vous sentez vous, après dix mois sans jouer ?

R: "C'est une reprise particulière, parce que quand on est arrêté aussi longtemps, ça résulte généralement d'une blessure. Or je suis en bonne santé. Et ne pas avoir joué, d'abord bloqué par la stratégie d'un club (Charlotte) et ensuite à cause de la situation liée au virus, c'est assez unique. Ç’a été dur à gérer, mais en même temps ça m'a permis de me recentrer sur la famille, sur d'autres choses qu'on peut parfois négliger quand on est un sportif professionnel. Si je dois retenir du positif, c'est ça. Là, niveau basket, je suis dans les temps par rapport à ce que je me suis fixé. J'ai intégré le groupe il y a seulement dix jours, mais je connais mon rôle, je sais ce que je dois faire. Mon rythme va revenir petit à petit."

Q: Vous avez été approché par d'autres clubs ambitieux, Milwaukee et Golden State notamment. Pourquoi avoir choisi les Clippers ?

R: "J'ai connu des mois galères, durant lesquels je n'étais plus dans les plans de Charlotte. Et là, une fois libéré, quand toute une franchise, les joueurs, l'entraîneur et le propriétaire te contactent un par un, ce n'est pas désagréable, ça fait quand même plaisir. Sans oser dire que je suis allé là où on m'aime le plus, cela a joué. Je me suis simplement dit +c'est une bonne équipe et elle compte vraiment sur moi+."

Q: Certains n'imaginaient pas que vous puissiez être aussi convoité. Cela vous peine d'être déprécié ?

R: "Bien sûr, ça m'a affecté. J'ai l'impression qu'on a résumé toute ma carrière sur 18 mois, alors que ça fait quinze ans que je joue. Et ça fait quinze ans que je dure comme ça, bien qu'on m'ait souvent reproché pas mal de choses. Alors là, ce n'est pas vraiment un nouveau départ, je n'aime pas cette expression, plutôt une nouvelle étape."

Q: Quel sera votre rôle chez les Clippers ?

R: "Celui de +glue guy+ (homme colle), le gars qui fait en sorte que tout marche collectivement, qui met les stars dans les bonnes conditions. Le facilitateur, qui s'occupe de tous les petits détails qu'on ne voit pas forcément sur les feuilles de statistiques, mais qui sont appréciés. Il faut des joueurs comme ça et ils ne sont pas nombreux. Tout le monde a envie de marquer beaucoup de points. Et il y en a, comme moi, qui sont d'accord pour ne pas se focaliser là dessus. Ce n'est pas une mauvaise chose: j'ai basé ma carrière là-dessus."

Q: Mais tout cela tendrait presque à faire oublier que vous êtes un joueur créatif...

R: "J'aime créer oui, je n'ai jamais été un joueur égoïste. Mais ça m'a aussi coûté! C'est autant une qualité qu'un défaut."

Q: Comment jugez-vous l'équipe collectivement ?

R: "On n'est évidemment pas à 100%. Mais on s'entraîne dur, il y a un nouveau groupe qui se bâtit, avec des joueurs qui ont connu un échec, qui ont envie de se racheter. Et nous, les nouveaux, voulons les aider à se racheter."

Q: Et pour la première fois, à 32 ans, vous allez jouer le titre...

R: "Oui, même si à Portland (2008-2015), bien que n'étant pas favoris, il y a eu des années où la question se posait de savoir si on pouvait le faire."

Q: Mais aux Clippers la pression sera tout autre, non ?

R: "Oui, mais c'est une bonne pression. On a deux joueurs qui sont dans le top 5 mondial (Kawhi Leonard, ndlr) et le top 15 (Paul George, ndlr). On a un coach (Tyronn Lue) qui a déjà gagné un titre (en 2016 avec Cleveland, ndlr), un groupe complet... Et on est à Los Angeles, qu'on partage avec les Lakers. Tout ceci entre en ligne de compte, mais c'est positif. C'est ce qui fait aussi qu'on fait ce sport-là."

Q: La saison passée a été marquée par la lutte contre l'injustice raciale, le boycott dans la bulle. Quid de 2021 ?

R: "Je crois que la lutte perdurera. Les sportifs sont entrés de plain pied dans les mouvements sociaux et c'est une bonne chose. On a une plateforme pour s'exprimer. Sans aller à l'excès, il nous faut maintenir ce combat au quotidien. On est des exemples pour les jeunes. On doit leur montrer qu'il faut se battre pour ce que l'on croit et ce que l'on est."

Propos recueillis par Nicolas PRATVIEL

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