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Mondiaux de gym: les JO-2020 à portée de main pour Aït Saïd

Aux Jeux de Rio, sa blessure choc avait brisé en un instant ses ambitions olympiques. Trois ans plus tard, au bout d'une saison compliquée, Samir Aït Saïd, en finale mondiale des anneaux samedi à Stuttgart (Allemagne), a sa qualification pour les JO-2020 à portée de main.

Pour la première fois depuis les JO-1992, les gymnastes français ont échoué à se qualifier par équipe sur les agrès allemands.

C'est donc individuellement qu'ils doivent faire le nécessaire pour être du voyage à Tokyo l'été prochain. Loris Frasca y est déjà parvenu via les qualifications du concours général. Pour empocher son billet à son tour, un impératif pour Aït Saïd (29 ans) : se classer parmi les trois premiers des cinq prétendants à ces précieux sésames olympiques en finale des anneaux (les trois autres engagés sont eux membres d'équipes déjà qualifiées).

Ses chances se raréfieraient à l'extrême sinon.

- "Tout se joue" là -

"Tout se joue demain (samedi), parce qu'au niveau de la Coupe du monde (par appareil, qui qualifiera maximum un gymnaste par agrès, ndlr), c'est très fermé et ça serait très difficile de pouvoir se qualifier, même quasiment impossible", considère son entraîneur Rodolphe Bouché.

"Si la qualification n'est pas là demain, c'est terminé", ose-t-il même.

Or depuis son effroyable double fracture ouverte tibia péroné qui lui avait laissé la jambe gauche en équerre, à la réception d'un saut aux JO-2016, ceux de 2020 sont l'objectif qui anime le spécialiste des anneaux, quadruple médaillé européen mais encore jamais mondial ni olympique sur cet agrès. C'était le cas dès le lendemain de sa blessure, à peine opéré ; ça ne l'a pas quitté depuis.

Mais après une non-qualification pour les Mondiaux-2018 sur décision fédérale qu'il n'a toujours "pas digérée", Aït Saïd a vécu une saison "très compliquée".

Le gymnaste antibois a d'abord eu la douleur de perdre son père en début d'année.

"J'ai préféré lever le pied sur l'entraînement pour rester auprès de lui jusqu'à la fin. Ca a été une période très compliquée, j'avais beaucoup de choses en tête, je dormais très peu la nuit", confie-t-il à l'AFP.

"Et une fois que j'ai enterré mon père, les compétitions sont arrivées directement après, je n'ai pas eu le temps de souffler comme je l'aurais voulu pour repartir à fond, poursuit-il. Je manque vraiment de repos."

- Pour son père -

"Mais je vais me battre pour moi, pour l'équipe de France, pour ma famille et bien évidemment pour mon père qui est parti et qui me suivait en compétition", promet le champion d'Europe 2013 des anneaux.

Aït Saïd s'est aussi retrouvé confronté à des "soucis financiers" quand, en mars, il a arrêté son activité de kiné, qu'il cumulait avec la gym depuis qu'il a été diplômé en 2017, pour se "focaliser sur (sa) carrière".

"J'étais au cabinet de sept heures à quatorze heures et je n'avais le temps de m'entraîner que l'après-midi. Ca faisait de grosses journées, et ne m'entraîner qu'une fois, ce n'était pas assez pour prétendre à des médailles", explique-t-il.

Jusqu'en décembre, des aides de la Fédération française (FFGym) et via le pacte de performance "comblent le manque à gagner". Et après ? Aït Saïd espère que ça se prolonge jusqu'aux JO-2020 pour pouvoir "(s')entraîner sereinement" mais rien n'est encore certain.

Bon an mal an, il a rallié deux finales continentales, aux Championnats d'Europe (6e) mi-avril, avec seulement "deux mois d'entraînement" et en se jaugeant à "70%", puis aux Jeux européens (5e) deux mois plus tard.

"Il n'y a clairement pas eu les résultats que j'attendais, mais avec un manque de préparation, deux finales (européennes), c'est assez prometteur et encourageant", estime-t-il.

Où en-est il aujourd'hui, lui qui s'est classé troisième des qualifications (14,700) dimanche ? "Pas à 100%", admet-il, mais "déterminé comme jamais" et "conquérant" : "Je ne veux pas du tout faire de la figuration."

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