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Anton Gerasimtchik est dans une drôle de position. Cet habitant de La Louvière de 23 ans est en effet d'origine russe. Né en Belgique, il connaît notre pays par coeur mais n'oublie pas ses origines, loin de là. "J'ai toujours été très ancré dans la culture russe. Je parle russe avec mes parents chez moi", nous raconte-t-il. "Je suis retourné en Russie à plusieurs reprises, notamment pour voir des membres de ma famille, cette culture fait partie de moi, j'ai toujours considéré que j'étais plus russe que belge, mais je mets les deux sur un certain équilibre", détaille-t-il ensuite.
Je me suis déjà pointé à des matchs sur écran géant à Mons avec un maillot de la Russie et un drapeau de la Belgique
Un Euro particulier
Pour lui, l'Euro 2020 sera une compétition très spéciale. D'abord parce qu'il a ses deux pays de coeur à suivre, comme souvent ces dernières années. Mais cette fois, Belges et Russes se croiseront en tournoi officiel, après de nombreux duels en qualification. Cela devrait donc être particulièrement marquant pour Anton.
"Mes potes prennent un malin plaisir à me chambrer un petit peu", reconnaît-il, avant d'affirmer qu'il vit très bien cette situation. Il l'a déjà expérimenté ces dernières années sans rencontrer le moindre problème. "Il n'y a rien de méchant. J'ai toujours vécu ça sans jamais me cacher sur le fait de supporter les deux équipes. Je me suis déjà pointé à des matchs sur écran géant à Mons avec un maillot de la Russie et un drapeau de la Belgique. Franchement, je n'y vois aucune mauvaise compétition", se réjouit Anton, visiblement content de son calendrier.
Il va néanmoins être partagé durant ce tournoi. D'un côté, il supportera la Russie. "Ce pays reste dans mon coeur. J'avais été voir Belgique-Russie en qualification et j'avais l'esprit neutre. A ce niveau-là, j'ai mis les deux sur un équilibre. Mais je ne m'attends pas à un parcours exceptionnel.", précise-t-il. Mais dans le même temps, il sera à fond derrière les Belges. "Si la Russie est éliminée, ma famille et moi, nous remettrons tout notre esprit de supporter derrière les Diables Rouges. Mes parents les ont soutenus quand ils ont atteint la demi-finale en Russie. Je vais suivre plus intensément les Diables", annonce notre Belgo-russe.
Les Diables sont considérés comme très forts et menaçants
"A égal avec le Brésil"
Anton l'a déjà précisé, il retourne régulièrement en Russie. Il y constate un respect grandissant envers les Diables Rouges. "Ils sont perçus comme les grandes équipes internationales", nous explique-t-il. "Avant l'âge d'or du football belge, on ne parlait pas trop de cette équipe. Depuis la Coupe du Monde 2018, ils sont perçus comme formant une grande nation footballistique. Ils sont mis à égal avec le Brésil, l'Angleterre ou d'autres grandes équipes. Ils sont considérés comme très forts et menaçants".
Certains joueurs jouissent cependant d'une cote de popularité particulièrement importante dans le pays de Vladimir Poutine. "Axel Witsel est populaire pour son passage au Zénith. Eden Hazard aussi parce que c'est une des plus grandes figures de l'équipe. Romelu Lukaku aussi, depuis la Coupe du Monde 2018, a marqué les esprits, j'en entends beaucoup parler dans mon entourage".
Pour autant, il l'affirme: ne comptez pas sur les Russes pour laisser tomber leur équipe. "Ils vont toujours y croire, dans n'importe quel domaine. Les fans seront à fond derrière leur équipe et ne penseront jamais que c'est perdu d'avance", annonce Anton. "Certains se disent quand même que c'est une grande équipe et que ce sera compliqué. Pour le supporter russe, l'émotion prend un peu trop souvent le dessus", tempère-t-il tout de même.
Reste à savoir ce qu'il ressentira ce soir, en fonction du résultat, lors du match entre la Russie et la Belgique.