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Rétractation de Takieddine: une autre affaire Sarkozy

Nicolas Sarkozy a été mis en examen vendredi dans l'enquête sur la rétractation de l'intermédiaire Ziad Takieddine à propos de ses accusations de financement libyen de la campagne présidentielle française de 2007.

Voici un rappel des moments-clés de l'affaire.

- Coup de théâtre -

Le 11 novembre 2020, le Franco-Libanais Ziad Takieddine, de longue date l'un des principaux témoins à charge contre Nicolas Sarkozy dans l'affaire du financement libyen de sa campagne présidentielle 2007, opère une spectaculaire volte-face sur BFMTV et dans Paris Match. Il assure que l'ex-chef de l'Etat n'a "pas touché un centime, cash ou pas cash, pour l'élection présidentielle" de 2007 de la part de Kadhafi.

Dans une déposition transmise un mois plus tard aux juges parisiens, l'homme d'affaires, en fuite au Liban après sa condamnation dans l'affaire Karachi en juin 2020, accuse de nouveau les magistrats français: "Les juges m'avaient fait des promesses en échange de déclarations erronées et à charge contre Nicolas Sarkozy et j'ai accepté".

- Possible subornation de témoin -

Auditionné à Beyrouth en janvier 2021 par les juges français, Ziad Takieddine recommence à incriminer Nicolas Sarkozy en assurant que ses propos de novembre avaient été "déformés" par Paris Match, qui "appartient à un ami de Sarkozy". L'hebdomadaire est propriété du groupe Lagardère, dont Nicolas Sarkozy est membre du conseil d'administration.

En mai 2021, une information judiciaire est ouverte sur les conditions de préparation de l'interview avec en ligne de mire des soupçons de subornation de témoin.

- "Mimi" Marchand -

Le 5 juin 2021, la patronne de l'agence de paparazzi Bestimage, "Mimi" Marchand, de son vrai nom Michèle Marchand, proche du couple Sarkozy, est mise en examen et placée sous contrôle judiciaire, notamment pour "subornation de témoin".

D'autres mises en examen suivront dont celle du publicitaire Arnaud de la Villesbrunne, ancien directeur de l'agence Publicis, de l'homme d'affaires Pierre Reynaud (décédé en mai 2023), de l'intermédiaire Noël Dubus (déjà condamné pour escroquerie) ou encore de l'entrepreneur David Layani.

Toutes ces personnes sont soupçonnées, à des degrés d'implication divers, d'avoir œuvré au retrait par M. Takieddine, avec contrepartie, de ses propos mettant en cause l'ancien chef de l'Etat, qui pourrait avoir donné son aval à l'opération.

- Hannibal Kadhafi -

L'enquête fait également apparaître une possible tentative de corruption de magistrats libanais au premier semestre 2021 visant à faire libérer l'un des fils Kadhafi, Hannibal, détenu au Liban. Ce dans l'espoir d'obtenir, en échange, des éléments pour dédouaner, là encore, Nicolas Sarkozy des accusations de financement libyen.

Ces soupçons valent de nouvelles mises en examen pour plusieurs protagonistes en 2022.

Certains d'entre eux auraient également tenté d'obtenir une preuve que le retentissant "document libyen" publié dans l'entre-deux-tours de la présidentielle 2012 par Mediapart, qui évoquait un financement libyen à hauteur de 50 millions d'euros, était un faux.

- Au moins 608.000 euros ? -

Début mars 2023, le Parquet national financier (PNF) élargit l'information judiciaire ouverte en 2021 à des faits de "recel de subornation de témoin", une qualification qui semblait viser le rôle de Nicolas Sarkozy tel qu'il apparaît dans certaines déclarations des protagonistes.

Avant la mise en examen de Nicolas Sarkozy et après la mort de Pierre Reynaud, huit personnes étaient poursuivies dans ce dossier.

Le 18 avril 2023, Mediapart révèle que les enquêteurs ont chiffré à au moins 608.000 euros les sommes qui auraient pu être utilisées pour financer cette opération.

Le 13 et 14 juin 2023, Nicolas Sarkozy est entendu en audition libre par des policiers spécialisés dans les affaires financières, et perquisitionné. Il nie toute participation aux faits incriminés.

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