Bonnet rose sur la tête, jusqu'à deux millions de personnes, femmes surtout, ont participé samedi aux Etats-Unis et dans le monde aux "Marches des femmes" organisées pour la défense des droits civiques et contre le président républicain Donald Trump. De nombreuses stars étaient présentes afin de faire entendre leur voix.
Kate Hudson, Karrueche, Amber Rose, Amy Schumer, Ashley Graham, Pharrell, Rihanna, Dita Von Teese, Alicia Keys, Lena Dunham, Madonna, Miley Cyrus, Eva Longoria, Chrissy Teigen, Ariana Grande, Leah Jenner, Kim Kardashian, Christina Milian, Kelly Rowland, Whoopie Goldberg et beaucoup d'autres étaient à la Marche des femmes de Washington. Un aréopage de personnalités progressistes a pris la parole: le cinéaste Michael Moore, les actrices America Ferrara et Scarlett Johansson, la chanteuse Alicia Keys ainsi que Madonna, qui a fait une apparition surprise sur scène pour appeler à une "révolution de l'amour" et chanter deux chansons.
Un demi-million de manifestants à Los Angeles selon la police, plus d'un million à Washington, selon les organisateurs, et des centaines de milliers à New York, Chicago, Boston et dans des dizaines de villes américaines: le succès a dépassé les espérances des marcheuses et marcheurs, une démonstration de force qui illustre les fractures persistantes de la société américaine face au 45e président, investi vendredi dans la capitale fédérale.
Moins que pour Barack Obama en 2009
Face aux comparaisons peu avantageuses faites avec la participation à la cérémonie de la veille, le milliardaire a critiqué samedi les médias qui ont selon lui menti sur le nombre de ses partisans ayant fait le déplacement. "J'ai fait un discours, j'ai regardé, et cela avait l'air d'un million, un million et demi de personnes", a-t-il affirmé contre toute évidence à l'occasion d'une visite au siège de le CIA.
Les autorités de la capitale ont pour règle de ne pas communiquer d'estimations de foules afin d'éviter toute polémique partisane. La seule façon de les estimer est de comparer les photos aériennes, qui montrent que l'investiture du républicain n'a rassemblé que quelques centaines de milliers de personnes, et indiscutablement moins que pour Barack Obama en 2009.
"La plus grande foule jamais vue"
Le porte-parole de la Maison Blanche, Sean Spicer, a convoqué une conférence de presse samedi en fin de journée pour tancer les médias, et clamer que les chiffres de vendredi étaient en réalité élevés, mais que des mesures de sécurité nouvelles, par rapport aux investitures précédentes, avait pu restreindre la participation. "Ce fut la plus grande foule jamais vue lors d'une investiture, point barre", a-t-il affirmé, sans fournir d'éléments concrets pour appuyer ses dires. "Nous allons demander à la presse de rendre des comptes", a-t-il encore lancé, élevant la voix.
Mais l'image du jour restait la marée humaine qui a envahi le centre de la capitale, dans une atmosphère bon enfant où les poussettes étaient nombreuses. Selon les organisateurs de la "Marche des femmes" à Washington, un million de manifestants ont battu le pavé, un chiffre qui n'a pas été confirmé indépendamment.
"Il faut que l'avortement reste légal"
Nombre de marcheurs venaient de Washington ou de ses banlieues, un bastion démocrate. Beaucoup ont fait le déplacement motivés par la peur que Donald Trump nomme un nouveau juge conservateur à la Cour suprême, ce qui pourrait conduire un jour à la remise en cause du droit à l'avortement.
"Il faut que l'avortement reste légal", plaidait Joan Davis, professeure d'histoire à la retraite vivant à Washington. "C'est vraiment un droit qu'on pourrait perdre, cela nous ramènerait au Moyen-Âge". Mais les slogans incluaient aussi la tolérance pour les minorités, l'accès à la contraception et la défense du planning familial, la protection de l'environnement, l'accueil des réfugiés...
"Hey hey, ho ho, Donald Trump doit partir!"
Les organisateurs ont été visiblement débordés par le succès car les manifestants ont envahi pacifiquement des rues autour de la Maison Blanche s'écartant de l'itinéraire prévu, aux cris de "Hey hey, ho ho, Donald Trump doit partir!" ou "Nous sommes le suffrage populaire". Une partie du centre-ville autour de la résidence du président était complètement paralysé pendant plusieurs heures, avec des véhicules bloqués au milieu de la chaussée. "Bienvenue à ton premier jour" scandaient des manifestants près des grilles de la Maison Blanche.
La marche était l'une des plus grandes manifestations de l'histoire de la capitale, qui n'a voté qu'à hauteur de 4% pour le républicain en novembre. Les métros étaient bondés, avec plus d'usagers que le jour de la seconde investiture de Barack Obama en 2013, selon NBC. La foule a débordé de l'Independence Avenue, pleine à craquer sur 1,5 km, où le rassemblement initial avait lieu. Les manifestants ont envahi les pelouses du National Mall voisin, l'esplanade du centre où les foules avaient assisté à l'investiture face au Capitole.
Symbole de l'opposition à Donald Trump
Beaucoup de manifestants portaient des bonnets roses à oreilles de chat ("pussy hats"), devenus le symbole de l'opposition à Donald Trump, qui s'était vanté en 2005 "d'attraper" les femmes "par la chatte". Plus de 600 marches avaient été annoncées dans le monde. A Londres, 100.000 personnes ont défilé selon les organisateurs. Ils étaient aussi environ mille à Bruxelles, des milliers à Sydney, 7.000 à Paris, 4.000 à Amsterdam, 2.500 à Genève, 2.000 à Montréal, près d'un millier à Tel Aviv, et des centaines à Berlin, Barcelone, Rome ou encore Prague.
"L'espoir, pas la peur"
"C'est comme ça que les gens ont mis fin à la guerre du Vietnam", a lancé Whoopi Goldberg à New York, où les marcheurs ont remonté la Cinquième Avenue presque jusque sous les fenêtres de la Trump Tower, dont l'accès était bloqué par la police. Hillary Clinton a tweeté: "L'espoir, pas la peur (...) Merci de vous lever, de vous exprimer et de marcher pour nos valeurs".
Donald Trump n'a pas directement commenté ces manifestations. Il a assisté samedi matin à un office oecuménique à la cathédrale de Washington. Puis la famille présidentielle a joué au bowling à la Maison Blanche, a indiqué sur Twitter son fils Donald Jr. Le président s'est rendu l'après-midi au siège de la CIA, en banlieue de Washington, où il assuré aux agents qu'il était "à 1.000%" derrière eux, tentant d'apaiser la polémique née de ses propos très critiques à l'encontre de l'agence de renseignement.
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