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L'acteur, réalisateur et humoriste Dany Boon a porté plainte contre X notamment pour vol et recel de documents personnels, entraînant l'ouverture d'une enquête préliminaire, après la publication en janvier d'une enquête-vidéo de Mediapart mettant en doute son "patriotisme fiscal", a-t-on appris vendredi.
Mediapart avait révélé que l'artiste a investi dans des fonds spéculatifs (ou hedge funds) en passant par des paradis fiscaux en contradiction, selon le site, avec sa communication sur le patriotisme fiscal, sans évoquer pour autant de fraude fiscale. L'enquête s'appuyait sur des documents détaillant son patrimoine que Mediapart s'était procuré.
L'humoriste avait affirmé quelques jours après la publication de cette vidéo que toutes ses économies étaient légalement placées "et déclarées dans le strict respect du droit et du devoir fiscal", sans commenter directement les informations de Mediapart.
Dans un article mis en ligne vendredi, Mediapart a affirmé être l'objet d'une plainte de l'humoriste pour "vol", "atteinte au secret des correspondances", "violation du secret professionnel" et "recel", ce qui a entraîné l'ouverture par le parquet de Paris d'une enquête préliminaire.
Toutefois, l'un des conseils de Dany Boon, Me Marie-Alix Canu-Bernard, a assuré à l'AFP que cette plainte ne visait pas directement le journal en ligne. "Une plainte pour vol, violation du secret professionnel, atteinte au secret des correspondances, et recel de ces délits a été déposée contre X et non contre Mediapart. Je ne comprends pas pourquoi Mediapart se sent concerné par cette plainte", a-t-elle déclaré.
Dans le cadre de cette enquête, deux journalistes de Mediapart et le réalisateur de la vidéo incriminée ont été entendus ce lundi par la police judiciaire, a ajouté le site d'information. Selon Fabrice Arfi, coresponsable des enquêtes à Mediapart, cette plainte n'a qu'un objectif: démasquer les sources qui ont permis au journal en ligne de mener son enquête.
Dany Boon, qui a "refusé de répondre pendant des mois à nos questions, ne conteste aucune des informations que nous avons rendues publiques dans cette enquête-vidéo", assure-t-il, mais "il conteste le fait que nous ayons pu les rendre publiques", et a "délibérément" choisi de "contourner le droit de la presse pour poursuivre Mediapart", écrit le journaliste sur le site d'informations.
"Devant les enquêteurs de la police judiciaire, Mediapart a par conséquent refusé de se prêter au jeu d'une procédure qui vise simplement à 'criminaliser' le journalisme", et a "opposé aux questions des policiers le secret des sources", comme le permet la loi, conclut Fabrice Arfi.