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La maison de Valérie à Marcinelle envahie de cafards à cause de sa locataire: le bourgmestre signe un arrêté pour ouvrir l'appartement et le désinfecter

En moins de deux ans, une locataire a transformé la maison (où elle occupe l'appartement de l'étage) de Valérie en "poubelle" à Marcinelle. La ville de Charleroi vient de signer un arrêté afin qu'une société privée, après l'intervention d'un serrurier, puisse pénétrer dans l'appartement afin d'assainir les lieux au plus vite, des cafards se propageant aux habitations voisines.

"Ma locataire nous met dans une situation catastrophique", lance Valérie via notre bouton orange Alertez-nous. "Elle a laissé des déchets dans la maison et devant celle-ci. Cela génère une invasion de cafards monumentale dans plusieurs rues", déplore-t-elle.

Une mère de famille loue depuis novembre 2016 un des appartements dans sa maison située à Marcinelle. "Il venait d’être rénové. Il était superbe. Elle y a emménagé avec ses cinq enfants. Et aujourd’hui c’est une poubelle", regrette Valérie.

D’après elle, sa locataire souffre du syndrome de Diogène ou syllogomanie. Les personnes atteintes accumulent de façon excessive des objets, même sans valeur. Ce trouble du comportement peut conduire à des conditions de vie insalubres.


"Cela fait plus d’un an que j’essaie de l’expulser"

Le problème date depuis un certain temps. En janvier dernier, Valérie décide déjà de déménager sa mère qui habite au rez-de-chaussée, tant la situation est exécrable.

"Cela fait plus d’un an que j’essaie de l’expulser. Je lui ai d’abord envoyé des lettres de résiliation de bail mais visiblement elles n’étaient pas valables. J’ai alors dû attendre qu’elle ne paie pas ses loyers pendant plusieurs mois pour pouvoir la convoquer devant un juge de paix en juillet. Il a ordonné une expulsion le 18 octobre", explique Valérie.

Bénédicte Delcourt, la directrice du Syndicat national des propriétaires et copropriétaires, confirme que cette procédure peut prendre un certain temps. Le délai minimum entre l’introduction d’une procédure en expulsion auprès d’un tribunal de paix et l’expulsion de locataires par la police est en effet de 3 à 4 mois.

Visiblement, la locataire de Valérie quitte finalement les lieux avant la date fixée par le juge."Elle est partie avec quelques affaires et ses enfants. Par contre, elle a abandonné son chien qui hurlait toute la journée selon un voisin. Je lui ai demandé de venir le chercher. Ce qu’elle a fait. Le SAJ (ndlr : le service de l’aide à la jeunesse) a également été prévenu puisque ses enfants vivaient avec elle."


"Je risque de tout perdre parce que je pourrais être jugée responsable" 

Les habitations de plusieurs voisins sont également infestées par les cafards. "Depuis environ un mois, nous courons dans tous les coins pour essayer de les rattraper. Et aujourd’hui un spécialiste est venu pour désinfecter les lieux", raconte Michel, un habitant de la rue. D’après Valérie, des employés de SOS nuisibles sont en effet déjà venus traiter certaines maisons et donnent des devis pour d’autres. "Les voisins sont excédés, ils ont déjà averti la police plusieurs fois. J’ai peur qu’ils portent plainte contre moi car ma locataire, qui est au CPAS, est insolvable. En plus, elle nie toute responsabilité. Je risque donc de tout perdre parce que je pourrais être jugée responsable et je devrais payer l’assainissement de ma maison et des dizaines d’autres. C’est scandaleux", désespère Valérie.

Et la propriétaire ne sait même pas dans quel état se trouve réellement son appartement. "Il y a plein de poubelles infestées de cafards devant la maison. Et ce n’est que la situation extérieure. A l’intérieur, il doit y en avoir des milliers maintenant. Le problème c’est que je n’ai accès qu’au rez-de-chaussée et à la cave. Ma locataire a changé la serrure de l’appartement et ne m’a toujours pas donné les clés. La seule façon d’entrer est de défoncer la porte. Ce qui serait une violation du domicile", regrette-t-elle.

Valérie doit théoriquement attendre le 18 octobre, jour de l’expulsion, pour pouvoir légalement pénétrer dans son bien et le traiter entièrement. "Je ne peux pas attendre encore dix jours. J’ai demandé au service pollution (appelé service SOS Propreté, ndlr) de la ville de Charleroi de venir constater les faits une deuxième fois. Ils sont venus ce matin et ils vont demander une ordonnance en urgence au bourgmestre. Mais il faut cinq jours ouvrables au minimum pour l’obtenir", assure la propriétaire dépitée, qui a également averti la police.


Le bourgmestre vient de signer un arrêté pour ouvrir l'appartement et l'assainir

Après cette visite de SOS Propreté, la ville de Charleroi a pris la mesure du degré d'urgence et le bourgmestre vient de signer un arrêté permettant à un serrurier d'ouvrir la porte de l'appartement puis à une société privée de désinfection et dératisation d'entrer afin d'assainir les lieux au plus vite. "Les services de la ville sont en train de prendre contact avec eux pour savoir quand ils peuvent se libérer pour venir sur place", nous indique ce mercredi matin Marie-Isabelle Gomez Calvo, responsable de la communication de la ville. 

Par ailleurs, l'arrêté ordonne la "désinsectisation des immeubles voisins et faisant face" à la maison de Valérie. 



Le service SOS Propreté de Charleroi: 2 ou 3 plaintes par mois concernant des cafards

Le service SOS Propreté a été créé en 1977 lors de la fusion des communes pour répondre aux problèmes d’environnement rencontrés par les citoyens. Il est composé de 11 agents qui peuvent intervenir sur tout type de pollutions. Déchets, Eaux, Air, Sol, Bruit mais aussi animaux nuisibles tels que pigeons, rats, cafards, etc. Ils effectuent également des contrôles d’activités et installations classées sur le territoire de Charleroi. Ces agents sont habilités à dresser des PV avec des montants d'amende pouvant aller de 1 euro à 10 millions d'euros.

Il existe un numéro vert à la division Propreté : 0800/24.063 grâce auquel le citoyen peut porter une pollution à la connaissance des agents de la Propreté ou du service SOS Propreté.

Le service SOS propreté reçoit environ 1200 doléances de citoyens au cours d’une année. Plus particulièrement, les plaintes concernant les cafards sont de l’ordre de 2 ou 3 par mois.


"C’est vraiment l’horreur"

En attendant, pour éviter que les cafards ne prolifèrent davantage, elle a déjà décidé d’agir. Lundi matin, Valérie a enfilé des gants pour dégager les ordures et les détritus accumulés devant l’habitation et dans le couloir. "Mon compagnon et une voisine sont là pour m’aider. Je n’ose même pas aller dans la cave. On y voit plus le sol, tant il y a des sacs partout. C’est vraiment l’horreur", souffle Valérie.

Aujourd’hui, elle se demande aussi qui va payer les dégâts locatifs et les frais judiciaires éventuels. "Je ne peux pas me permettre d’avoir des milliers d’euros de frais. J’assume déjà les loyers impayés", souligne la propriétaire, à bout.

Le CPAS n’a en tout cas aucune obligation par rapport au bailleur. "Il n’a pas de compte à rendre au propriétaire", explique Bénédicte Delcourt. "Les gens pensent souvent qu’à partir du moment où ils ont un document du CPAS, ils sont protégés. Mais malheureusement, le CPAS n’est pas responsable du bon vouloir des locataires", précise la directrice du Syndicat national des propriétaires et copropriétaires.

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