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"L'enseigne Primark ne pourrait-elle pas éviter cela?", s'interroge Alison, une Hennuyère, via le bouton orange Alertez-nous. Alison pointe du doigt le comportement de certains clients du magasin Primark de Charleroi, 'Rive Gauche'. De quoi s'agit-il exactement ? Selon plusieurs témoignages récoltés par notre rédaction - dont celui d'Alison, certains consommateurs dévaliseraient des rayons Primark pour ensuite revendre les produits sur internet deux voire trois fois plus cher. "C'est tellement injuste", estime Céline, une autre alerteuse via le bouton orange Alertez-nous. Et la méthode à un nom: le 'Scalping'.
Vous avez dit 'Scalping'?
Issu à la base du monde de la finance et du 'trading' plus particulièrement, le 'Scalping' désigne l'attitude qui consiste à acheter l'ensemble d'un produit ou d'un bien très demandé pour ensuite revendre le stock avec une marge importante. Le 'Scalping' est observée ces dernières années notamment pour des tickets de concerts ou d'événements. Achetés en masse dès leur mise en ligne, ils sont ensuite revendus à prix d'or afin d'engendrer des bénéfices importants.
Un groupe Facebook dédié au Primark de Charleroi
Dans le cas de Primark, on parle de nombreux objets estampillés Disney (peluche, appareils à croque-monsieur ou encore de décoration de Noël). Des objets qui représenteraient un grand intérêt pour certains consommateurs à en croire la page Facebook "Primark Charleroi".
Sema, une cliente du magasin, est à l'origine de ce groupe Facebook. Crée en 2017, les membres échangent des bons tuyaux ou autres plans sympas du Primark carolo. Mais chaque année, à l'approche des fêtes une problématique serait observée. "Des gens qui veulent absolument avoir des produits 'Disney', se présentent avant l'ouverture du magasin et courent à l'étage où se trouvent ces articles. Ils prennent tout ce qu'ils peuvent. Les gens qui arrivent après ne les trouvent pas et sont surpris de les voir plus chers sur Vinted ou d'autres sites. Ça devient injuste." Selon Sema, le fait que Primark ne permet la vente de ses produits via son site internet, n'aide pas à lutter contre ce type de comportement.
Une question de "stock suffisant"
Face au "Scalping", un commerçant se retrouve devant à un dilemme: vendre tout son stock et s'assurer des bénéfices ou proposer un certain nombre de produit par client afin de privilégier la satisfaction du plus grand nombre de consommateurs ? Le risque: ne pas vendre tous les produits. Mais, un commerçant peut-il limiter les volumes d'achats par client ? "Un grand principe est la liberté commerciale et contractuelle", explique Etienne Mignolet porte-parole du SPF Économie.
" Les magasins peuvent limiter le nombre de produits par client de manière à satisfaire tout le monde, mais d'un autre côté lorsqu'un magasin fait des promotions ou même de manière générale, le magasin doit disposer de stock suffisant du produit qu'il met en avant. En fonction de la taille du magasin, de l'endroit où il est implanté, du public potentiel qui pourrait être intéressé, il doit pouvoir proposer un stock suffisant de ces produits. En parallèle, rien n'empêche de limiter à un, deux ou trois produits par client."
Pour l'instant, Primark n'a pas de plan adapté pour limiter le volume d'achat par client
Quant à la question du 'Scalping', la pratique est interdite: "Il y a une interdiction de réaliser des bénéfices anormaux, donc de revendre des produits à des prix exagérés avec des marges qui sont extraordinaires. Là, il y a une interdiction mais ça doit s'apparenter au cas par cas."
Interpellé sur le 'Scalping' et l'attitude de certains de ses consommateurs, l'enseigne Primark a réagi via un porte-parole: "Lors du lancement de certaines gammes particulièrement populaires, nous savons que nos clients se présentent très tôt dans nos magasins, afin d'y acheter leurs produits préférés. Nos équipes réapprovisionnent constamment les magasins, mais il peut arriver que certains articles soient indisponibles temporairement." Et Primark de conclure": "Pour l'instant, Primark n'a pas de plan adapté pour limiter le volume d'achat par client."
En 2020, 10 % des contrôles effectués par le SPF Economie après des signalements ont abouti à un procès-verbal.