Le delphinarium du Parc Astérix, un des plus grands d’Europe, existe depuis 1989 et héberge actuellement 9 dauphins. Parmi eux, Femke, une femelle de 37 ans dont l’état de santé alarme les associations de défense des animaux.
L’association de protection animale One Voice tire la sonnette d’alarme sur l’état de santé de Femke, une femelle dauphin du delphinarium du Parc Astérix. Selon elle, le cétacé est en train de se laisser mourir. Femke, née au large de la Floride, vit dans les eaux du parc français depuis 2008. Son fils, Ekinox, lui a été enlevé à l’âge de six ans pour rejoindre le parc Attica, en Grèce. Une séparation dont elle ne s’est pas remise, affirme One Voice. Sur la vidéo publiée par l’association en avril 2017, Femke semble amorphe, errant sans but dans un bassin du Parc Astérix, à l’écart des autres dauphins qui assurent le spectacle. Des images qui ont choqué Camille, 23 ans, de Forchies-la-Marche (Courcelle, dans la province du Hainaut), lorsqu'elle les a découvertes sur Facebook. La jeune femme nous a contactés via notre bouton orange Alertez-nous pour signaler "l’état pitoyable", dit-elle, de ce dauphin.
"C’est quoi le rapport entre Astérix et un dauphin ?"
"Ça m’a révolté complètement. Je n’ai jamais vu un dauphin comme ça, son aileron est affaissé et il est obèse", s’insurge Camille. "Je ne comprends même pas le but pour un parc d’attraction d’avoir des dauphins", poursuit-elle. "C’est dommage, le parc d’attraction est très bien mais le fait qu’ils aient des dauphins, en plus en si mauvais état franchement… C’est une catastrophe !", s’indigne-t-elle. "C’est quoi le rapport entre Astérix et un dauphin ? Je ne vois pas ce qu’ils font là", objecte-t-elle.
Un documentaire sur les parcs marins l’a "complètement retournée"
Camille est absolument contre l'existence même des delphinariums depuis qu’elle a vu le documentaire Blackfish. Cette plongée dans les eaux troubles des spectacles avec mammifères marins lui a fait prendre conscience des conditions de captivité des cétacés. "Ça m’a complètement retournée, confie Camille. J’ai interdit toute ma famille d’aller dans les parcs marins". Depuis, la jeune femme suit l’actualité d’associations comme One Voice ou Anti Parcs Marins, qui luttent pour les droits des animaux.
Des images du dauphin Femke scandalisent les internautes
La vidéo qui montre Femke apathique dans les bassins du Parc Astérix, a provoqué de nombreux commentaires ulcérés de la part des abonnés de la page One Voice sur Facebook. Les uns partagent leur colère, les autres encouragent à signer une pétition pour exiger la fermeture des delphinariums. Certains appellent au boycott du Parc Astérix.
One Voice a tourné les images en avril à la réouverture du parc cette année. Avec eux lors de cette visite, le Dr Pierre Gallego, spécialiste des cétacés. Le vétérinaire a observé des "lésions cutanées, un embonpoint excessif et des boursouflures au niveau du ventre et du cou", rapporte Muriel Arnal, présidente de One Voice, dans les colonnes de Paris Match. Pour l’association, le dauphin est "une mère au cœur brisé" : "Femke dépérit, inerte et amaigrie, à l'écart du groupe depuis un an", peut-on lire sur leur page Facebook.
Pour le parc Astérix, la maladie de Cushing explique son état
La porte-parole du parc Astérix, Roxane Depesme, que nous avons contactée, se veut rassurante. Elle évoque simplement "une baisse d’énergie ces dernières semaines". "Un bilan hormonal poussé a révélé des dérégulations que les vétérinaires s’emploient à corriger", nous explique-t-elle. Le dauphin est atteint de la maladie de Cushing, un trouble endocrinien extrêmement rare chez un dauphin précise Birgitta Mercera, responsable du delphinarium du Parc Astérix, aux journalistes de Paris Match. "L’équipe de 10 soigneurs expérimentés veille sur elle chaque jour et un vétérinaire se rend au delphinarium au moins une fois par semaine pour suivre l’évolution de son état", souligne Roxane Depesme.
Les explications avancées par le parc n’ont pas convaincu One Voice. "Non, la maladie de Cushing de Femke n’explique pas à elle seule son comportement inerte et désespéré. Et non, la nageoire dorsale d'un dauphin n'est pas "naturellement" affaissée, on ne voit cela qu’en captivité", écrit un responsable de l’association de protection animale sur Facebook. Pour venir en aide au dauphin, l’association a saisi les tribunaux en référé le 15 mai 2017.
Un arrêté publié début mai jette un pavé dans la piscine
En France, un arrêté interministériel sur "les règles de fonctionnement des établissements détenant des cétacés" a fait l’effet d’une bombe à sa publication au journal officiel le samedi 6 mai dernier. Le texte, qui abroge une législation datant de 1981, interdit la reproduction des dauphins et des orques en captivité et impose des règles plus strictes aux delphinariums. "Pour assurer la protection des espèces, améliorer le bien-être et supprimer la souffrance animale, la détention en captivité de spécimens de cétacés est interdite", à l'exception des orques (Orcinus orca) et des grands dauphins (Tursiops truncatus) "régulièrement détenus à la date d'entrée en vigueur" de l'arrêté "au sein d'établissements dûment autorisés", stipule l'arrêté publié. Cela signifie, à terme, la fermeture de tous les parcs d'attractions marins dans l’hexagone.
Les conditions de vie de Femke vont s’améliorer
Pour continuer les shows de dauphins, le parc Astérix et les autres parcs français — Marineland (Antibes), Planète sauvage (Loire-Atlantique) , Moorea Dolphin Center (Polynésie française) — devront répondre à de nouvelles normes drastiques. Les bassins doivent augmenter de 150% leur surface. Le chlore est interdit dans le traitement de l'eau. Les contacts directs entre le public et les animaux ainsi que les immersions du public dans les bassins hébergeant des cétacés sont également interdits. Les établissements ont six mois pour se conformer à l'arrêté, sauf pour les travaux de mise en conformité des bassins, qui devront être réalisés dans un délai de trois ans.
Stupéfaction chez professionnels du secteur
Les parcs marins ne s’attendaient pas du tout à un texte si radical. "Nous avons été très surpris car ils ne correspondent pas aux échanges réalisés depuis un an entre le Ministère de l'Environnement, les associations, et les représentants des parcs", nous a confié la porte-parole du Parc Astérix. "Les éléments discutés pendant les différents échanges concernaient bien entendu le bien-être des dauphins et l'agrandissement des installations, mais ne concernaient pas l'interdiction de la reproduction", explique-t-elle. Le parc Astérix fera-t-il les lourds investissements nécessaires pour s’adapter à la nouvelle loi sachant que, ne pouvant remplacer les animaux décédés, le delphinarium devra fermer à moyen terme ? Aucune décision n’est encore prise. "Nous devons donc étudier en concertation les conséquences des dispositions de cet arrêté", déclare Roxane Depesme.
"Une très bonne nouvelle" pour Camille
Les associations de protection animale ont salué une "avancée française est historique". Une évolution qui n’a pas échappé à notre alerteuse, Camille. Elle se réjouit de la nouvelle avec une certaine prudence parce qu’elle a lu sur la page Facebook de Marineland que le parc "se prépare dès la semaine prochaine à mener des actions auprès des autorités compétentes pour corriger cet état de fait". Une pétition "Je soutiens Marineland" est lancée pour autoriser à nouveau la reproduction des cétacés dans les parcs marins, "et ce, pour leur bien-être", peut-on lire sur le site internet. 2300 signatures ont été récoltées. "Franchement, je ne comprends pas", confie Camille. "Mais si la loi reste comme ça, c’est une très bonne nouvelle", se réjouit-elle.
Le show continue à Boudewijn Seapark
En Belgique, six dauphins et deux bébés dauphins vivent dans le delphinarium du Boudewijn Seapark de Bruges. Des spectacles et séances photos sont proposés aux visiteurs. "Les dauphins font des sauts à couper le souffle sur une musique tonitruante", peut-on lire sur le site internet du parc. Un divertissement contre lequel manifestent les organisations de défense des animaux. L’association Bite Back mène régulièrement des actions de protestation à l’entrée du parc pour demander l'arrêt immédiat du programme d'élevage des dauphins et la fermeture du delphinarium.
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