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"Je craque. Jusqu'à présent, je n'avais pas craqué mais là, c'est trop". Ses mots sont soufflés par Lucrèce. Cette maman, originaire de La Louvière, a tout quitté pour s'envoler direction Héraklion (Crête) et ainsi être aux côtés de son fils. Sur place, elle découvre Logan, 25 ans, alité dans une chambre d'hôpital regorgeant de tuyaux et équipements médicaux en tous genres. Un monitoring lui indique l'état de son fils. "Il est stable depuis quelques jours", confie-t-elle, la gorge nouée. Car depuis début juillet, la vie de Logan a basculé. La sienne et celle de sa mère en même temps.
Ils sont jeunes, ils ont relâché la pression pendant leurs vacances
Logan et ses amis ont choisi la Crête pour passer quelques jours de vacances. Ils avaient ensuite prévu de poursuivre leur périple estival dans le sud de la France. Le 3 juillet, ils font la fête. Après une soirée "bien arrosée", ils rentrent à l'hôtel vers 4h du matin. "Il avait beaucoup trop bu. Ils sont jeunes, ils ont relâché la pression pendant leurs vacances", explique Lucrèce. Logan s'installe sur le balcon de sa chambre d'hôtel située au 3e étage et s'assoupit sur un transat. Pour une raison inconnue, vers 6h du matin, il passe par-dessus le balcon et chute brutalement. Une chute de près de 15m. Logan atterit sur un buisson qui se trouve dans la cour de l'hôtel. "Heureusement, il est tombé sur ce buisson. Mais puisqu'il y avait de gros troncs, il a été gravement blesssé", souligne sa mère.
Il en a pour des mois de rémission
Sa chute provoque un tel fracas qu'un vacancier, logé au rez-de-chaussée, sort pour constater. Selon ses dires rapportés à Lucrèce, Logan aurait réussi à se relever avant de s'écrouler. Le concierge puis les secours sont alertés. Logan est transporté dans un état critique à l'hôpital. Pendant 72h, il reste au service des soins intensifs. Pas de plaies ouvertes mais de multiples fractures. "7 vertèbres, deux côtes cassées et un poumon perforé", rapporte douloureusement sa mère. Cette dernière s'est rendue sur place pour se trouver au chevet de son fils. "L'opération s'est bien passée. Il est stable. Il souffre énormément et est sous morphine. En fait, il est complètement shooté et ne se souvient de rien", décrit Lucrèce, la gorge nouée. Avant de souffler: "Les médecins nous disent qu'il est miraculé. Ils sont étonnés qu'il soit là".
L'opération de sa colonne vertébrale s'est bien passée, explique la mère de famille. "Il en a pour des mois de rémission. Mais d'après le médecin, la moelle épinière a été épargnée. Il pourrait remarcher", assure-t-elle. Son état est désormais stable, un rapatriement est envisageable. Problème: Logan n'a pas d'assurance complémentaire ni d'assurance rapatriement. Le jeune homme "ne payait plus sa mutuelle depuis longtemps, plus de deux ans", malgré les factures et rappels de paiement reçus. Lucrèce nous explique donc prendre en charge le rapatriement qui, selon elle, s'élève à 35.000€. "Vu son état, il doit être rapatrié dans un avion qui survole à basse altitude", affirme-t-elle. Dans certains cas, il arrive que des patients doivent en effet embarquer à bord de ce type d'avion pour ne pas souffrir de la pressurisation de la cabine.
Logan était affilié à la mutualité Partenamut. Mais en ne payant pas ses cotisations, il a perdu ses avantages. Un porte-parole de la mutualité accepte de répondre à nos questions. La Crête faisant partie de l’Espace économique européen, les soins urgents à l’étranger y sont habituellement couverts, nous confirme-t-il. Confidentialité oblige, il ne s'exprime pas sur le cas particulier de Logan, mais nous explique les conséquences d'un non-paiement à sa mutualité. "Lorsqu’un affilié ne paie pas ses cotisations depuis plus de deux ans, et après de nombreux rappels pour se mettre en ordre, il est exclu de l’assurance complémentaire et n’a donc plus droit aux avantages de cette assurance. Il est toujours possible de se réaffilier mais moyennant un stage d’attente de 24 mois", nous explique-t-on.
Lors d'un accident à l'étranger, une mutualité peut, ordinairement, prendre en charge le rapatriement à quelques conditions. Ce service est appelé "Mediphone Assist" et fait partie de l'assurance complémentaire. "Dès lors, si la personne n’est pas en règle avant son départ, elle ne sera pas couverte par ce service, comme pour tout autre produit d’assurance", nous précise Partenamut.
Pour rappel, en Belgique, il faut distinguer l'assurance obligatoire de l'assurance complémentaire. Chaque résident, affilié à un organisme assureur, bénéficie de l'assurance obligatoire qui couvre le remboursement des soins de santé et indemnité. L'assurance obligatoire est financée par les cotisations de sécurité sociale et les subsides de l'Etat. Cette assurance obligatoire est organisée par une loi fédérale.
Comme la sécurité sociale ne couvre pas tous les risques de santé, les mutualités proposent des assurances complérmentaires qui sont quant à elles financées par les cotisations des affiliés. Elles permettent de bénéficier d'avantages et services supplémentaires. C'est le cas du service Mediphone Assist que propose Partenamut et qui permet le rapatriement médical.
En tant que maman, je vis un enfer
Ce drame est l'occasion de rappeler à quel point il est important de se mettre en règle avant de partir en vacances. Être en ordre de mutualité au moment du départ est primordial si l'on n'a besoin d'être rapatrié au cours du séjour. Certains pays peuvent ne pas être couverts par votre mutuelle. Dans ce cas, il peut être conseillé de souscrire une assurance voyage auprès d'unec compagnie d'assurance.
"J'ai puisé dans mes derniers sous pour le rejoindre. J'ai donc lancé un appel aux dons sur Facebook", raconte Lucrèce qui espère que cette collecte de dons lui permettra de réunir la somme nécessaire pour financer le rapatriement. En attendant, elle se tient au chevet de son fils, guettant la moindre amélioration. Tous les deux jours, elle est sommée de faire un test Covid PCR pour accéder à l'établissement hospitalier. Peu à l'aise en anglais, elle tente aussi de décrypter le jargon des médecins et ainsi faire tout ce qui est en son pouvoir pour venir en aide à son fils. En partageant ce drame, Lucrèce aimerait mettre en garde. "Que mon histoire fasse comprendre aux jeunes qu’ils ne sont pas intouchables, que personne n’est à l’abri. En tant que maman, je vis un enfer", conclut-elle.