Le bourgmestre de Woluwe-Saint-Lambert Olivier Maingain veut interdire l'accès à tous les bâtiments publics de sa commune aux personnes revenant d'Italie. "Un arrêté de police qui va imposer aux responsables d'un certain nombre de services de s'assurer que des personnes qui fréquentent leurs services : les écoles, les crèches, les maisons de repos ne sont pas de de régions à risque comme le nord de l'Italie, l'Iran, la Chine, la Corée du Sud, de sorte que ces personnes soient peut être mises en quarantaine pendant une période de 14 jours", a expliqué le bourgmestre.
Comment ces personnes vont-elles être identifiées ? Olivier Maingain répond : "C'est évidemment sur une base volontaire. Il faut que les gens soient responsables, de bonne foi comme ça se fait dans les pays voisins et se déclarent en étant est de retour de ces régions".
Le bourgmestre avait déjà demandé aux directions des écoles de Woluwe-Saint-Lambert de vérifier parmi leurs élèves si certains revenaient de régions à risque. Certains parents ont effectivement admis revenir d'une de ces régions. "Il y a une légitime inquiétude au sein du personnel enseignant comme au sein des autres catégories de la population scolaire. Pour vérifier s'il n'y a pas un risque de propagation, la mesure qui s'impose est le confinement de ces personnes", justifie Olivier Maingain.
Des écoles s'inquiétaient selon le bourgmestre
La mesure d'interdiction d'accès à des lieux publics fait suite aux préoccupations exprimées par certaines directions d'écoles, a indiqué Olivier Maingain à l'agence Belga. Les responsables scolaires avaient eux-mêmes été interpellés par des parents, inquiets de savoir si certains enfants, de retour de vacances de carnaval, ne revenaient pas de zones à risque. Il est ainsi apparu que c'était le cas dans deux établissements scolaires et une crèche, où des enfants devaient être accueillis, revenant de Chine et du nord de l'Italie. Il a donc été demandé aux parents de garder leurs enfants chez eux et de les soumettre à un contrôle médical. Au moins un membre du personnel communal ferait aussi partie des personnes visées par l'interdiction.
Les directions d'écoles n'ayant pas la capacité légale de recourir à des mesures plus contraignantes, le bourgmestre a dès lors décidé de prendre un arrêté de police, qui s'étend plus largement aux bâtiments accessibles au public. Les responsables des lieux concernés seront rapidement avertis officiellement de la mesure et devront interroger les gens participant à leurs activités, a souligné M. Maingain. Il estime toutefois que les personnes visées par l'interdiction d'accès décideront elles-mêmes de ne pas se déplacer.
Le bourgmestre de Woluwe-Saint-Lambert dit par ailleurs regretter le peu d'informations fournies par le SPF Santé Publique. Il espère toutefois que la coordination annoncée entre autorités fédérales et régionales portera ses fruits.
La ministre dénonce une mesure "disproportionnée"
La ministre de la Santé publique, Maggie De Block, a dénoncé comme "disproportionnée" la décision du bourgmestre de Woluwe-Saint-Lambert. "C'est une mesure totalement disproportionnée", a-t-elle affirmé à la presse à l'issue d'une réunion du conseil ministériel restreint ("kern") à Bruxelles. Mme De Block (Open Vld) a mis cette mesure sur le compte de l'"activisme politique".
Vincent De Wolf veut une coordination des mesures avec les 19 bourgmestres de Bruxelles
Le bourgmestre d'Etterbeek Vincent De Wolf (MR) a regretté dimanche l'arrêté de police pris par son homologue Olivier Maingain (DéFI), qui interdit certains lieux publics de Woluwé-St-Lambert aux personnes revenues d'une zone à haut risque de contamination au coronavirus. "Cet arrêté est inapplicable dans la mesure où il s'adresse à des personnes qu'on ne peut même pas identifier", a réagi M. De Wolf, dont la commune partage la zone de police Montgomery avec Woluwé-St-Lambert et Woluwé-St-Pierre. Il plaide pour une réunion rapide des 19 bourgmestres de Bruxelles.
"Cet arrêté va susciter la panique et l'angoisse au sein de la population. Le coronavirus est un problème de santé publique fédérale et mondiale, prendre un arrêté au niveau communal est grotesque", a-t-il poursuivi. Le bourgmestre d'Etterbeek invite en conséquence la Haute fonctionnaire bruxelloise, Viviane Scholliers, en charge de la sécurité civile et des plans d'urgence, à prendre rapidement toutes les actions utiles à la coordination sereine des communes, en collaboration avec le ministre-président bruxellois. "Dans ce cadre, une réunion rapide des 19 bourgmestres est souhaitable afin de définir, dans l'intérêt de la population, les mesures proportionnées, raisonnables et conformes aux avis sanitaires", a conclu M. De Wolf.