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La tête sous l'eau depuis le mois de mars, l'Horeca bruxellois a subi un coup de massue avec la fermeture des cafés et bars imposée pour un mois par les autorités régionales. Si les restaurants ne sont pas concernés, les brasseries où l'ont peut accessoirement commander une collation, le sont. C'est le cas d'À La Mort Subite, véritable institution des estaminets à bière dans la capitale. Situé à quelques pas de la Galerie de la Reine et de la Grand Place, ce café-brasserie fondé il y a plus d'un siècle sert de la gueuze et des dégustation typiques telles que des tartines de pain gris au fromages blanc. Mais en cette fin d'année 2020, frappé de plein fouet par la crise du coronavirus, l'établissement est au bord du précipice.
"Un modèle familial où ce n'est pas le business à tout crin"
Fondé vers 1910 par Théophile Vossen, À La Mort Subite est resté une affaire familiale. Bernard Moucharte et Olivier Hautfenne, 4e génération du nom, l'ont reprise en 1997. "On a voulu rester dans un modèle familial où ce n'est pas le business à tout crin, dans quelque chose ou les clients se sentent bien. On a jamais démérité par rapport à cette optique-là", raconte Olivier Hautfenne. Les deux associés emploient une équipe de 15 personnes.
La clientèle a déserté le centre de Bruxelles
Habituellement, l'établissement est fréquenté par une clientèle hétéroclite : employés de bureaux, de l'Union européenne, touristes et habitués de la maison, explique les deux co-gérants. Mais avec la généralisation du télétravail et les voyages internationaux paralysés, seuls les habitués ont continué de venir entre mi-juin et octobre. "Il y a des jours où l'établissement restait vide jusqu'à 17h, 18h", raconte Bernard Moucharte. Cette désaffection est spécifique au centre de Bruxelles, explique-t-il : "Que ce soit la Grand Place, la Galerie de la Reine... Tout ce secteur touristique est vraiment très fort impacté".
Une situation financière exsangue
Les trois mois de fermeture imposés pendant le confinement ont porté un premier coup difficile à encaisser : "On a eu quelques réserves qui se sont épuisées peu à peu", raconte Bernard Moucharte. Puis, de la réouverture du café-brasserie mi-juin jusqu'à sa fermeture le jeudi 8 octobre, le chiffre d'affaire était d'environ - 85% par rapport à d'habitude, indique Bernard Moucharte. "Je sais pertinemment bien au début du mois ce que je dois avoir à la fin du mois. Mais je sais pas comment je vais y arriver", confie Olivier Hautfenne, qui égrène les factures à payer : loyer, frais de fournisseurs, assurance, eau, gaz, électricité, personnel...
"Mon associé et moi prenons beaucoup sur nous au niveau du travail et des horaires", raconte Bernard Moucharte. Des trémolos dans la voix, ce dernier fait état de sa "fatigue mentale et psychologique". "Quand on ferme la porte, les soucis nous suivent, confie-t-il. Ça devient assez lourd". Malgré tout, Olivier Hautfenne veut garder garder espoir : "Si on est encore là, c'est qu'on y croit", dit-il. Les deux hommes ont d'ailleurs contracté un emprunt financier pour "pouvoir relancer la machine".