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lus gros exercice militaire organisé par l'Otan depuis la fin de la Guerre froide, Trident Juncture 18, qui se déroule en Norvège du 25 octobre au 7 novembre, peut donner le vertige par l'ampleur des moyens engagés. Quelque 50.000 soldats de 31 États - les 29 pays membres de l'Otan, la Suède et la Finlande -, doivent participer aux manoeuvres organisées dans le centre du pays scandinave pour la partie terrestre, dans l'Atlantique Nord et la Baltique pour la partie maritime, et dans les espaces norvégien, suédois et finlandais pour la partie aérienne.
C'est environ 10.000 de plus que l'exercice Strong Resolve en Pologne en 2002, qui regroupait des troupes de l'Alliance atlantique et de 11 États partenaires. Dans le détail, ce seront plus 20.000 fantassins, 24.000 marins (y compris des US Marines), 3.500 aviateurs, un millier de logisticiens et 1.300 personnels d'état-major qui sont impliqués. Pas moins de 10.000 véhicules prendront part aux manoeuvres. Mis bout à bout, ils formeraient une ligne de... 92 kilomètres, selon l'armée norvégienne. Seront aussi engagés 250 aéronefs et 60 navires, dont un groupe aéronaval américain autour du porte-avions nucléaire Harry Truman. Les principaux contingents sont les États-Unis, l'Allemagne, la Norvège, le Royaume-Uni et la Suède.
Un casse-tête logistique
Loger, nourrir et entretenir tant de troupes nécessite un appareil logistique considérable.
L'armée norvégienne a dû anticiper l'installation de quelque 35.000 lits.
Environ 1,8 million de repas et 4,6 millions de bouteilles d'eau vont être distribués, et près de 676 tonnes de linge vont devoir être lavées.
Preuve qu'il n'est pas facile de tout prévoir, l'armée néerlandaise a oublié d'acheter des vêtements chauds pour ses quelque 1.000 soldats appelés à participer à l'exercice, a relaté le journal néerlandais De Telegraaf.
Quand elle s'est soudain souvenue qu'il pouvait faire frisquet en Norvège à cette saison, il était trop tard pour passer un appel d'offre. Elle a par conséquent donné un pécule à chaque soldat pour qu'ils achètent ces effets eux-mêmes.
"Riposte" russe
Si les manoeuvres se tiendront à distance respectueuse de la frontière russo-norvégienne, longue de quelque 198 kilomètres dans l'Arctique, Moscou a manifesté son courroux.
Indépendamment de Trident Juncture 18, les États-Unis et la Grande-Bretagne intensifient les déploiements dans le pays scandinave pour acclimater leurs troupes au grand froid. À terme, 700 US Marines devraient se succéder par rotation sur le sol norvégien.
"Les principaux pays de l'Otan accroissent leur présence militaire dans la région, à proximité des frontières de la Russie", a dénoncé la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, fustigeant "des cliquetis d'armes".
"De telles actions irresponsables mèneront forcément à la déstabilisation de la situation politique et militaire dans le Nord, à une hausse des tensions", a-t-elle dit, en promettant "des mesures nécessaires de riposte".
Sous la présidence de Vladimir Poutine, l'armée russe a déjà considérablement renforcé ses moyens dans l'Arctique. Des bases militaires aériennes ont été rénovées ou construites, et de nouveaux radars et systèmes de missiles antiaériens installés.
Épine dorsale de la Marine, la Flotte du Nord doit notamment recevoir cinq nouveaux navires de guerre, cinq bâtiments de soutien et quinze avions et hélicoptères d'ici la fin de l'année, selon le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou.