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L'armée russe a annoncé mardi des "frappes massives" sur tous les fronts en réaction à la contre-offensive fulgurante des troupes ukrainiennes que le Kremlin accuse d'exactions dans les zones reconquises, tandis que Kiev impute "jusqu'à 200 crimes de guerre par jour" aux soldats russes.
Les bombardements russes ont pour le moment fait huit morts et 19 blessés en 24 heures dans la population des régions de Kharkiv (nord-est) et de Donetsk (est), a déclaré la présidence ukrainienne. "L'Ukraine enregistre en outre jusqu'à 200 crimes de guerre commis chaque jour par les Russes" sur son sol, a assuré l'état-major de l'armée, ajoutant que "plus de 70.000 km² dans dix régions ukrainiennes ont été minés" par les occupants. De son côté, la Russie a affirmé que les militaires ukrainiens se livraient à de dures représailles contre des civils dans les endroits qu'ils ont repris ces derniers jours.
"Selon nos informations, il y a de nombreuses actions punitives contre les habitants de la région de Kharkiv, des gens sont torturés, maltraités", a lâché le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, ajoutant: "c'est révoltant". "Les forces aériennes, balistiques et l'artillerie russes effectuent des frappes massives contre les unités des forces armées ukrainiennes dans toutes les zones opérationnelles", a souligné mardi le ministère russe de la Défense. Il a notamment évoqué des bombardements près de Sloviansk, Konstantinivka et Bakhmout dans l'est de l'Ukraine, ainsi que dans les régions méridionales de Mykolaïv et de Zaporijjia et dans celle de Kharkiv, d'où les soldats russes se sont presque totalement retirés face aux avancées ukrainiennes. L'offensive russe déclenchée le 24 février va continuer "jusqu'à ce que les objectifs soient atteints", avait martelé la veille le Kremlin, selon lequel il n'y a actuellement "pas de perspectives de négociations" entre les deux belligérants. L'Ukraine avait fait état lundi de nouveaux succès militaires, disant avoir atteint la frontière russe et rétabli son contrôle sur l'équivalent de sept fois la superficie de Kiev en un mois. L'armée ukrainienne avait d'abord annoncé une contre-offensive dans le sud, avant de réaliser au cours de la semaine écoulée une percée éclair dans le nord-est.
Au total, "depuis le début du mois de septembre, nos soldats ont déjà libéré 6.000 km2 de territoires ukrainiens dans l'est et le sud", un chiffre deux fois supérieur à celui officiellement fourni 24 heures auparavant, a déclaré lundi soir le président ukrainien Volodymyr Zelensky. "Et nous continuons d'avancer", a-t-il conclu. Les Russes "ne parviennent pas à renforcer la nouvelle ligne de front après les gains ukrainiens dans l'est de l'Oblast de Kharkiv et fuient en nombre la zone ou bien se redéploient sur d'autres axes", a relevé mardi l'Institute for the Study of War (ISW), un centre de réflexion qui a son siège aux États-Unis.
"Des images diffusées sur les médias sociaux montrent des files de voitures s'étendant sur des kilomètres près de Stchastia et de Stanyssia Louganska", à la limite de la "République populaire de Lougansk", unilatéralement proclamée en 2014 par les séparatistes prorusses (comme celle de Donetsk) et près de la frontière russe. Sur l'ensemble du front, l'armée ukrainienne avait assuré la veille avoir "réussi à chasser l'ennemi de plus de 20 localités" en 24 heures. "Il est trop tôt pour dire exactement où tout cela va nous mener", a déclaré le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken. "Nous sommes dans les premiers jours (de la contre-offensive, ndlr) donc je pense qu'il ne serait pas bien de prédire exactement où tout cela va nous conduire". Toujours dans la région de Kharkiv, le parquet ukrainien a annoncé lundi la découverte de quatre corps de civils portant des "traces de tortures" à Zaliznytchné, une petite localité récemment reconquise. Selon l'enquête préliminaire, "les victimes ont été tuées par les militaires russes pendant l'occupation du village", a-t-il ajouté. Les forces russes ont été accusées d'exactions à de multiples reprises en Ukraine. Au plan international, la Première ministre finlandaise, Sanna Marin, a appelé mardi à l'unité de l'Union européenne et à de nouvelles sanctions à l'encontre de la Russie face à son "chantage" énergétique. Les ministres européens de l'Energie se réuniront le 30 septembre pour examiner les mesures d'urgence proposées par la Commission afin d'enrayer l'envolée des prix du gaz et de l'électricité provoquée par la guerre en Ukraine.