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Les électeurs Hongkongais ont administré dimanche lors des élections de district un sérieux revers au gouvernement hongkongais aligné sur Pékin, un résultat qui plonge aussi un peu plus la mégapole dans l'inconnu après plus de cinq mois de crise politique sans précédent.
Pourquoi le résultat de ce scrutin est-il si important?
Les groupes en faveur de la démocratie ont saisi l'occasion de ces élections locales pour prouver l'ampleur du soutien de l'opinion publique au mouvement de contestation que la cheffe de l'exécutif pro-Pékin, Carrie Lam. Cette dernière soutient que les protestations sont l'oeuvre d'une frange de radicaux.
Jusqu'à présent, l'élection des conseillers de district, qui gèrent des questions comme les ordures ménagères ou les itinéraires des lignes de bus, suscitaient peu d'intérêt.
Dimanche, ce scrutin a revêtu une toute autre signification, devenant un véritable baromètre de l'opinion.
Cela s'explique en grande partie par le fait que le scrutin visant à désigner les 452 membres de 18 conseils de district est le seul qui se rapproche le plus de la représentation directe.
Le chef de l'éxécutif est choisi par un comité de personnalités favorables à Pékin et les membres du corps législatif sont élus par un mélange de scrutin universel et de désignation par des groupes d'intérêt économique remplis de fidèles à Pékin.
- Quelle est l'origine des manifestations? -
Après avoir été une colonie britannique durant plus d'un siècle et demi, Hong Kong a été rétrocédée à la Chine en 1997, selon un accord dans lequel Pékin s'engage à ce que la région bénéficie "d'un haut degré d'autonomie".
Mais au cours des dernières annéees, des mesures prises par Pékin et l'administration hongkongaise ont fait craindre un recul des libertés dont jouit actuellement la population et une influence croissante de la Chine sur le territoire.
En 2014, le conseil législatif acquis à Pékin avait rejeté le principe d'un véritable suffrage universel et cela avait été perçu comme une tentative pour accroître le contrôle de Pékin sur la désignation du chef de l'exécutif.
La mobilisation a débuté en juin contre un projet de loi autorisant l'extradition vers la Chine continentale des ressortissants hongkongais. Le texte a été abandonné en septembre mais depuis, les revendications se sont élargies, les manifestants réclamant notamment l'avènement du suffrage universel dans la mégapole et une enquête sur ce qu'ils considèrent comme des violences policières.
- Quelles conséquences pour la contestation? -
Le résultat de ce scrutin devrait donner un nouvel élan au mouvement de contestation et encourager les manifestants pro-démocratie à accroître leurs revendications.
Avant même la fin du dépouillement, lundi, les dirigeants du camp pro-démocratie ont demandé à Mme Lam et à son gouvernement d'accéder immédiatement à leurs demandes. Certains ont appelé le l'exécutif à démissionner.
Différentes actions sont prévues cette semaine afin de maintenir la pression sur l'exécutif et différents forums internet utilisés par les protestataires ont appelé à un grand rassemblement pour la journée de dimanche.
- Comment le gouvernement va-t-il réagir? -
Au vu des résultats, Carrie Lam a promis lundi d'"écouter humblement" les électeurs mais elle demeure pieds et poings liés au pouvoir central chinois.
La Chine rejette pour sa part toute remise en cause de sa politique, notamment en ce qui concerne son autorité sur des régions comme Hong Kong. L'octroi de concessions pourrait encourager la contestation dans d'autres parties du territoire chinois.
"Il est très improbable qu'il y ait des concessions" de la part de Pékin, a déclaré à l'AFP Willy Lam, analyste de la politique de Hong Kong.
"Cela devrait venir de Pékin mais je ne vois rien dans les déclaration du (président chinois) Xi Jinping ou d'autres fonctionnaires laissant penser qu'ils feraient des concessions".