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Après la confirmation de trois cas positifs au coronavirus chinois en France, les premiers en Europe, les autorités sanitaires doivent prendre le virus de vitesse pour éviter qu'une épidémie se propage, comme on "circonscrit un incendie".
Que sait-on sur ces trois cas?
Il s'agit de deux patients hospitalisés à Paris, à l'hôpital Bichat, et d'un à Bordeaux, au CHU Pellegrin. Ils font l'objet de mesures d'isolement pour éviter la contagion, et "vont bien", selon les médecins.
Celui qui est hospitalisé à Bordeaux a 48 ans. Il est revenu le 22 janvier en France après "quelques jours" en Chine où il est "passé par Wuhan", la ville d'où est partie l'épidémie, a indiqué vendredi soir la ministre de la Santé Agnès Buzyn.
Ce Français d'origine chinoise travaille "dans le milieu du vin" et "était amené à faire des allers-retours avec la Chine", a précisé samedi le maire de Bordeaux, Nicolas Florian.
Les patients hospitalisés à Paris sont un homme âgé de 31 ans et une femme âgée de 30 ans, selon le professeur Yazdan Yazdanpanah, chef du service maladies infectieuses à Bichat. Ce couple "originaire de Wuhan" était arrivé le 18 janvier en France pour un voyage.
Comment éviter que le virus se propage?
"Il faut traiter une épidémie comme on traite un incendie", c'est-à-dire la "circonscrire le plus vite possible", a expliqué Mme Buzyn. Pour cela, les autorités sanitaires mènent une enquête épidémiologique pour repérer les gens qui ont été en contact avec les trois patients à partir du moment où ceux-ci ont présenté des symptômes (en partant de l'hypothèse qu'ils n'étaient pas contagieux auparavant).
"On liste les différents types de contacts qu'ils ont pu avoir et on mène une analyse de risques", explique à l'AFP Daniel Lévy-Bruhl, de l'agence sanitaire Santé publique France.
Les critères de risques sont "soit des contacts très proches (contact à moins d'un mètre en face-à-face, situations de contact intime, le fait de vivre dans la même maisonnée...), soit des contacts moins proches mais prolongés", ajoute-t-il.
Pour les personnes considérées à risques, un suivi est alors instauré: elles doivent prendre leur température deux fois par jour et appeler quotidiennement les autorités de santé locales. Lorsque le risque est jugé élevé, on conseille à ces personnes de rester chez elles pour limiter une éventuelle transmission du virus.
But de ces mesures, selon le Dr Lévy-Bruhl: "Détecter le plus précocement possible la survenue de signes qui pourraient témoigner d'une infection".
La grippe va-t-elle brouiller les pistes?
L'une des difficultés auxquelles les autorités sanitaires risquent de se heurter vient de "la coexistence avec une épidémie grippale en plein pic en Europe comme en Chine", a expliqué le numéro 2 du ministère, le directeur général de la santé Jérôme Salomon, avant même la confirmation des trois cas positifs.
En effet, les symptômes de la grippe sont proches de ceux provoqués par le coronavirus, "ce qui entrave les possibilités de repérage", selon le Pr Salomon.
Que faire si on pense être infecté?
Les autorités sanitaires le martèlent: si on pense être infecté par le coronavirus, il ne faut pas aller chez son médecin traitant ni aux urgences, pour éviter toute potentielle contamination, mais rester chez soi et appeler le 15 (Samu) "en faisant état des symptômes et du séjour récent en Chine".
Au-delà des risques de contamination, un afflux aux urgences de patients paniqués serait compliqué à gérer dans un secteur déjà surchargé et en plein conflit social.
Des gens qui nous appellent parce qu'ils ont croisé quelqu'un d'origine asiatique dans la rue qui se mouchait
Il faut "arrêter l'hystérie collective", a dit à l'AFP Patrick Pelloux, président de l'association des urgentistes de France (Amuf). "Nous avons des gens qui nous appellent parce qu'ils ont croisé quelqu'un d'origine asiatique dans la rue qui se mouchait", a-t-il assuré.
Une fois pris en charge après avoir appelé le 15, les patients susceptibles d'avoir été infectés par le coronavirus sont dirigés vers des hôpitaux dits "de référence".
C'est ensuite le Centre national de référence (CNR) de l'institut Pasteur à Paris qui vérifie si le patient est positif ou négatif, grâce à un test mis au point après le séquençage du virus par les Chinois. Ce test sera bientôt disponible en province pour accélérer le diagnostic.
Il n'existe pas de médicament contre le coronavirus, et la prise en charge consiste à traiter les symptômes.
Mise en place d'une équipe médicale d'accueil à l'aéroport de Roissy
"Une équipe médicale d'accueil" sera mise en place dimanche à l'aéroport de Roissy permettant la prise en charge des personnes qui présenteraient des symptômes d'une infection par coronavirus, a annoncé samedi soir la direction générale de la santé (DGS).
A Paris-Charles de Gaulle, "demain, il y aura la mise en place d'une équipe médicale d'accueil permettant de répondre aux questions, permettant de prendre en charge toute personne inquiète et en particulier d'avoir une prise en charge médicale d'une personne qui présenterait des symptômes" d'une infection par coronavirus, a déclaré le directeur général de la santé, Jérôme Salomon, lors d'un point presse au ministère de la Santé.
Les autorités sanitaires ont annoncé vendredi soir trois cas confirmés en France, sur un patient hospitalisé à Bordeaux et deux autres à Paris. Tous étaient récemment arrivés de Chine et avaient séjourné à Wuhan, la grande ville où cette nouvelle infection est apparue en décembre.
"C'est une équipe spécifique que nous mettons en place, une équipe avec beaucoup de personnes pour pouvoir répondre au flux", a précisé le numéro 2 du ministère rappelant que "de nombreux vols arrivent tous les jours en provenance de plusieurs villes de Chine".
L'équipe, composée de "plusieurs dizaines de personnes", sera "très visible, pluriprofessionnelle avec des médecins, des infirmiers, des spécialistes épistémologistes", a-t-il ajouté.
En Chine, plusieurs villes dont Wuhan font l'objet d'un gigantesque cordon sanitaire qui concerne 56 millions de personnes, pour éviter que le virus se propage.