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(Belga) Le roi de Thaïlande, Maha Vajiralongkorn, a confié samedi son "inquiétude" et a appelé à "empêcher le chaos", à la veille des premières législatives depuis le coup d'Etat militaire ultra-royaliste de 2014.
"Il s'agit de soutenir les bonnes personnes, celles à même de diriger la société et de s'assurer que de mauvaises personnes n'arrivent pas au pouvoir et les empêcher de semer le chaos", selon cette rare annonce du palais diffusée dans la soirée, qui reprend un discours du précédent roi de 1969. "Sa Majesté est inquiète pour la stabilité de la Nation", ajoute ce communiqué officiel, cryptique quant aux préférences politiques du roi. La société thaïlandaise est polarisée entre deux grandes tendances, les "jaunes" (conservateurs ultra-royalistes au premier rang desquels l'armée) et les "rouges" (réformistes soutenant l'ex-Premier ministre Thaksin Shinawatra, considérés par les conservateurs comme une menace pour la monarchie). Récemment, le ralliement officiel de la soeur du roi, la princesse Ubolratana, à un parti de Thaksin a fait scandale, obligeant le roi à rappeler que les membres de la famille royale se devaient de rester au-dessus de la politique. Mais le roi s'est jusqu'ici abstenu de soutenir officiellement la junte dirigée par le général Prayut Chan-O-Cha, malgré son coup d'Etat mené au nom de la défense de la monarchie, à une époque où son père, le roi Bhumibol, était en très mauvaise santé et où le doute subsistait quant à la capacité du prince héritier, vivant la plupart du temps en Allemagne, à prendre la relève. Lors des dernières législatives en 2011, Thaksin l'avait remporté haut la main, comme depuis près de vingt ans qu'il est entré en politique. Mais cette fois-ci, les militaires ont pris le temps de préparer le terrain, contrairement au coup d'Etat de 2006, après lequel ils avaient rapidement permis des élections, là encore remportées par Thaksin. Ils ont changé la Constitution de façon à s'assurer que, même en cas de victoire du parti de Thaksin aux législatives de dimanche, sa majorité parlementaire soit contrôlée par un Sénat nommé par les militaires. Mais la Thaïlande a une histoire politique mouvementée, de coups d'Etat en manifestations monstre, et les "chemises rouges" pro-Thaksin sont promptes à s'embraser, d'autant plus après cinq ans de junte militaire pendant lesquelles l'opposition a été muselée. (Belga)