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Depuis le début de l'affaire Benalla, plus grave crise politique qu'il traverse depuis son élection en mai 2017, le président français Emmanuel Macron garde le silence, mais les appels se multiplient pour qu'il s'explique.
La crise est née de la divulgation mercredi de vidéos montrant un proche du chef de l'Etat, Alexandre Benalla, frapper des manifestants pendant la Fête du travail, en arborant des insignes de police, alors qu'il n'était que simple observateur auprès des forces de l'ordre.
L'Élysée n'a donné aucune indication sur une éventuelle prise de parole du président qui devait passer le week-end à travailler à Paris ou à La Lanterne, résidence d'État à Versailles, en région parisienne.
Pour une source proche de l'exécutif, avec les différentes enquêtes lancées par la justice, le Parlement ou la police des polices, "tous les leviers ont été actionnés" et il n'est donc "pas nécessaire" que le président s'exprime "dans l'immédiat" au sujet de son ex-collaborateur, en garde à vue pour ces violences le 1er mai.
Mais une source dans la majorité estime qu'"il aurait fallu communiquer vite et clairement pour tenter au moins d'enrayer l'affaire", jugeant le silence au sommet de l'État d'autant plus dommageable que "les télés en continu tournent en boucle avec ça".
"Plus longtemps il se tait, plus cela alimente les interrogations", pressait un député d'opposition. "En gestion de crise, ils ont coché toutes les cases" pour un ratage, jugeait un autre.
Les ténors ont accru samedi la pression sur le chef de l'État. Pour le président du parti Les Républicains (LR, opposition de droite) Laurent Wauquiez, Alexandre Benalla "rendra des comptes à la justice, mais Emmanuel Macron, lui, va devoir rendre des comptes aux Français".
"Qui était au courant? Quand? Pourquoi la justice n'a-t-elle pas été saisie? Pourquoi a-t-on été jusqu'à instrumentaliser la police pour étouffer l'affaire? De quels secrets Benalla est-il le détenteur pour avoir été ainsi protégé?" s'interroge Laurent Wauqiez dans les colonnes du quotidien Le Figaro.
- "Watergate" -
Jean-Luc Mélenchon, chef de file de La France insoumise (gauche radicale), a jugé l'affaire "du niveau du Watergate" qui avait conduit à la démission du président américain Richard Nixon, quand la présidente du Rassemblement national (extrême droite) Marine Le Pen a prévenu que "si Macron ne s'explique pas, l'affaire Benalla deviendra l'affaire Macron".
"Le président de la République devra obligatoirement parler aux Français, à la télévision", a assuré devant la presse Nicolas Dupont-Aignan (souverainiste), constatant que la majorité "ne sait pas quoi répondre" car M. Macron "a agi seul" selon lui.
Face à ce qui est déjà dénoncé par certains comme un "scandale d'État", Gilles Le Gendre, porte-parole des députés LREM (majorité présidentielle), accuse les oppositions d'"instrumentaliser" l'affaire parce qu'elles "n'ont toujours pas digéré la défaite cuisante" dans les urnes il y a un an, selon lui.
"Rien ne sera étouffé", a-t-il affirmé sur la radio France Inter. La veille, le Premier ministre Édouard Philippe avait assuré que "l'ensemble des questions trouver(aient) leurs réponses", qui seront "claires" et "transparentes".
Pour l'exécutif, il s'agit dans l'immédiat de préparer les auditions très attendues des prochains jours, en premier lieu celle du ministre de l'Intérieur Gérard Collomb devant la commission des Lois de l'Assemblée lundi.
Pour M. Mélenchon, "le ministre de l’Intérieur est déjà disqualifié" et "bien sûr qu'il va démissionner et il ne sera pas le seul". "Aucun fusible ne fera oublier que tout a été piloté depuis l'Élysée", tonne M. Wauquiez.
Depuis son arrivée au pouvoir, Emmanuel Macron a montré à plusieurs reprises qu'il n'aimait pas réagir sous la pression, notamment médiatique ou partisane.
Mais il a aussi fait évoluer sa communication ces derniers mois, passant d'une parole rare à une expression beaucoup plus fréquente, notamment lors de ses déplacements.
Lors d'une visite jeudi en Dordogne (sud-ouest), il a refusé de répondre aux nombreuses questions des journalistes lui demandant de réagir aux révélations du quotidien Le Monde.
"La République est inaltérable!", a-t-il seulement lâché en réponse à un journaliste qui lui demandait si la République n'était pas "entachée" par cette affaire.