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Devant le juge, Lavrilleux minimise son rôle dans l'affaire Bygmalion

Acteur clé de l'affaire Bygmalion sur les comptes de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy, Jérôme Lavrilleux a minimisé devant le juge son rôle et chargé le directeur de la campagne, Guillaume Lambert.

Un simple organisateur: voilà comment s'est décrit le 15 juin l'ancien bras droit de Jean-François Copé à l'UMP, avant d'être mis en examen pour usage de faux, recel d'abus de confiance, complicité d'escroquerie et complicité de financement illégal de campagne électorale.

"On me dit +Tel jour, à telle heure, il faut organiser un meeting de tel format+. Mon boulot consiste à vérifier que les personnes chargées matériellement de l'organisation de ce meeting le font, et le font bien", a-t-il déclaré, selon une source proche du dossier.

L'ancien directeur de la campagne et ex-chef de cabinet de Nicolas Sarkozy à l'Elysée, Guillaume Lambert, a assuré que Jérôme Lavrilleux avait pesé pour imposer la filiale de Bygmalion, Event & Cie, comme prestataire des meetings. Jusqu'à brandir la menace d'une moindre implication de l'UMP dans la campagne. Le patron de Bygmalion, Bastien Millot, était proche de Jérôme Lavrilleux et de Jean-François Copé.

Le système de fausses factures a été mis en place avec Event & Cie. Pour les enquêteurs, la fraude a permis d'imputer à l'UMP 18,5 millions d'euros de dépenses de meetings qui auraient dû rentrer dans le compte de campagne, pour dissimuler une explosion du plafond légal (22,5 millions d'euros).

Le choix du prestataire s'est fait "dans la précipitation, et dans semble-t-il, l'impréparation totale du côté de l'entourage proche du candidat", a rétorqué Jérôme Lavrilleux. "Comment peut-on imaginer" que "l'UMP puisse refuser de participer" à la campagne, a demandé le député européen.

- "Baguette magique" -

Le 26 mai 2014, à la télévision, Jérôme Lavrilleux avait reconnu "un dérapage sur le nombre" des meetings, concédant ne pas avoir "eu le courage de dire stop, on en fait trop, on va dans le mur".

Devant le juge, le directeur adjoint de la campagne a estimé n'avoir pas été en position d'avoir une "vision globale de l'ensemble du budget": "Je partais du principe que si on nous demandait d'organiser un meeting c'est qu'on avait la possibilité financière de le faire."

Selon lui, cette "vision globale" incombait à Guillaume Lambert. D'autant que l'équipe de campagne avait reçu une alerte de l'expert-comptable, le 7 mars, sur un dépassement du plafond, qui interdisait toute dépense supplémentaire.

En garde à vue, début avril, Guillaume Lambert a expliqué qu'il avait informé Nicolas Sarkozy de ces "contraintes budgétaires" et que le candidat lui avait demandé de n'ajouter "comme événements supplémentaires (...) que de petites réunions publiques", "à coûts bas et maîtrisés".

Cette augmentation du nombre de meetings, de 15 à 20 prévus à 44, aurait été possible grâce à des renégociations de tarifs et au coût modeste des réunions supplémentaires.

L'argument laisse Jérôme Lavrilleux sceptique: il aurait fallu "une baguette magique pour pouvoir organiser autant de meetings dans un budget contraint". "J'ai donc du mal à comprendre pourquoi, lorsque le président de la République a évoqué devant lui son désir d'organiser dorénavant un meeting par jour, M. Lambert (ne l'a) pas informé (...) de l'impossibilité financière de le faire."

Nicolas Sarkozy l'aurait-il accepté ? "C'est la seule question intéressante. Le rôle d'un directeur de campagne est de savoir s'opposer pour des raisons de faisabilité aux souhaits du candidat."

Jérôme Lavrilleux est aussi mis en cause par le patron d'Event & Cie, Franck Attal, selon qui c'est lui qui a demandé des fausses factures quelques semaines avant le premier tour. Version contestée par l'intéressé, qui situe le recours à la fraude après la présidentielle.

"Cette décision, qui n'est pas la mienne mais à laquelle je ne me suis pas opposé, m'est apparue dans le contexte de l'époque, malheureusement, comme étant la seule envisageable. C'est volontairement que je n'en ai pas informé Jean-François Copé afin de le protéger", a-t-il assuré.

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