Marseille inaugure jeudi un nouveau lieu étonnant, Station Alexandre, qui marie culture et entreprises sous d'élégants entrelacs de métal dans une zone franche urbaine au coeur des populaires quartiers Nord.
Ancienne huilerie, avec sa gare de triage attenante, construite juste avant la première guerre mondiale pour approvisionner les savonneries du Canet, Station Alexandre aujourd'hui restaurée abrite un centre d'affaires avec 70 sociétés, une crèche d'entreprise de 46 places, un cabinet médical, deux restaurants et, sous la verrière, un espace culturel de 600 m2 pour accueillir concerts de jazz, musique de chambre, spectacles ou bals.
Une ancienne du Théâtre du Merlan, Rozenn Collet, est la conseillère culturelle de Station Alexandre. Les collectivités territoriales ont subventionné l'équipement artistique (sonorisation, lumière...) de l'espace culturel.
Le projet est né d'un coup de coeur de Sylvie Caulet, expert-comptable marseillaise de 46 ans qui lui a donné le prénom de son grand-père. En 2003, cherchant des locaux pour son cabinet dans ce quartier tout juste classé en zone franche urbaine, elle tombe sous le charme du bâtiment et de sa gare de triage, avec son ossature métallique de type Eiffel.
Depuis, elle se consacre à sa réhabilitation, choisissant avec autant de soin le tissu des sièges que les entreprises locataires, "qui emploient 250 personnes avec 130 emplois créés" grâce aux exonérations fiscales. Le lieu se veut "la locomotive de la zone franche".
"Je suis arrivée dans un quartier en friche, j'ai mis un an et demi à trouver les financements", raconte cette femme brune au regard rieur et déterminé. "J'y ai mis toutes mes économies!".
Avec le soutien de la Caisse des dépôts et la Caisse d'Epargne, la première tranche de travaux sur 10.000 m2 a coûté 12 millions d'euros. Une deuxième tranche sur 4.000 m2 (6 MEUR) a débuté en septembre 2006 et une troisième, d'un coût non précisé, est prévue sur 3.000 m2.
"Mon projet a été mûri, réfléchi, j'ai eu du mal à l'imposer car j'ai voulu de la qualité: lumières, chauffage, acoustique...", explique Sylvie Caulet. L'inauguration a pris un an de retard à cause des finitions.
Elle a choisi des matériaux sobres --béton ciré, brique, fer, bois-- "pour recréer l'ambiance des passages du XIXe siècle". Côté entreprises, assureurs, avocats, informaticiens, graphistes ont des activités complémentaires. Le cabinet médical, le salon d'esthétique et les restaurants permettent l'accès du public.
"J'ai essayé de faire un projet idéal de vie et d'échanges: j'ai rencontré les gens pour identifier les besoins du quartier", explique-t-elle. Elle souhaite ajouter une librairie et une banque. Les établissements scolaires voisins ont participé à un concours pour dessiner les lustres du hall.
"C'est un projet de femme", insiste cette mère de trois grands enfants, également professeur agrégée d'université qui a puisé dans sa double expérience professionnelle pour "manager les équipes, gérer les conflits, avoir une autorité naturelle".
Selon Station Alexandre, la ministre du Logement et de la Ville Christine Boutin est attendue jeudi pour l'inauguration, ainsi que la députée socialiste des Bouches-du-Rhône Sylvie Andrieux, le sénateur-maire UMP de Marseille Jean-Claude Gaudin et le président du conseil général Jean-Noël Guérini. Un spectacle de la compagnie Archaos est prévu.
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