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Les conflits commerciaux déclenchés par l'administration Trump avec de nombreux partenaires commerciaux, dont la Chine et l'Europe, soulèvent de plus en plus des inquiétudes auprès des industriels américains.
La banque centrale (Fed) recense mercredi, dans son fameux Livre Beige, qui dresse un constat de l'économie au mois de juin et début juillet, ces craintes palpables dans "toutes les régions" du pays.
"Dans beaucoup de régions, on observe des prix plus hauts et des ruptures de stock attribués à la nouvelle politique commerciale", a constaté l'institution.
Ce constat conforte les propos de Jerome Powell, le président de la Fed, qui a reconnu mercredi devant le Congrès que "des inquiétudes s'élevaient en choeur" au sein des milieux d'affaires vis-à-vis de l'escalade des droits de douane entre les Etats-Unis et leurs partenaires commerciaux.
"De nombreuses entreprises sont affectées par cela", a admis M. Powell, sans vouloir commenter davantage la politique commerciale agressive de l'administration Trump, qui, pour réduire le déficit commercial du pays, a imposé d'importantes taxes douanières supplémentaires sur des milliards de dollars d'importations d'acier, d'aluminium et de marchandises chinoises.
La Chine, l'Union européenne, le Canada et le Mexique ont répliqué avec des droits sur l'acier et des produits typiquement américains comme le Bourbon ou les motos Harley-Davidson pour les mesures européennes.
Le Livre beige, qui est publié deux semaines avant la prochaine réunion monétaire de la Fed (31 juillet et 1er août), signale aussi une montée continue des prix, même si elle reste "modeste" et "modérée".
"Les tarifs douaniers ont contribué à la hausse des prix du métal et du bois", souligne la Fed, qui relève toutefois que, pour l'instant, le transfert de ces augmentations vers les consommateurs au niveau des prix de détail reste "léger".
Les craintes liées à la hausse des droits de douane diffèrent selon les régions. Dans celle de New York (nord-est), une région qui commerce beaucoup avec le Canada, "l'incertitude à propos de la politique commerciale est citée comme une préoccupation majeure".
A Boston, on craint que "les tensions commerciales n'affaiblissent le tourisme international".
- Défi pour la Fed -
A Cleveland dans l'Ohio, ville industrielle du nord, les milieux d'affaires observent que les consommateurs accélèrent certains achats, craignant de futures hausses de prix liées à l'application des tarifs douaniers.
Dans la région rurale de Saint-Louis (midwest), les professionnels du bâtiment se sont plaints de la hausse des prix du métal, tandis que les agriculteurs ont vu une chute des prix du soja, un des produits américains visés à l'importation par les représailles tarifaires chinoises.
Ces inquiétudes sur les hausses de prix ont été minimisées par la Maison Blanche, sa porte-parole Sarah Sanders ayant expliqué que le président Trump était "concentré sur les principes économiques à long terme".
Le président "continue à chercher des moyens pour aider à protéger les travailleurs américains et il va continuer cela sur plusieurs fronts, de différentes manières. Mais c'est à court terme", a-t-elle assuré mercredi ajoutant que l'objectif de la stratégie commerciale dure de la Maison Blanche était "d'ouvrir de nouveaux marchés".
Devant le Congrès, la patron de la Fed, qui s'attache à éviter de critiquer frontalement la politique commerciale du président, a déclaré: "l'administration dit qu'elle veut des tarifs douaniers plus bas et je pense que cela serait bon pour l'économie".
Mais M. Powell a prévenu que si la confrontation commerciale se poursuivait, "le problème le plus difficile est que l'on pourrait voir les prix augmenter à cause des tarifs et en même temps assister à un ralentissement de l'activité, ce qui potentiellement conduirait à une plus forte inflation". "Si cela se passe, cela deviendrait vraiment un défi pour la politique (monétaire) de la Fed", a-t-il ajouté.
La Fed est actuellement dans une phase de remontée graduelle des taux d'intérêt pour prévenir l'inflation mais si elle devait faire face à un ralentissement concomitant de l'activité, ce renchérissement du coût de l'argent donc des crédits deviendrait contre-productif pour l'économie.