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Le patron de Danske Bank emporté par un scandale de blanchiment

Le patron de Danske Bank emporté par un scandale de blanchiment
Le patron de la première banque danoise, Danske Bank, Thomas Borgen, à Copenhague le 16 novembre 2017Anne BAEK
 
 

Le patron de la première banque danoise, Danske Bank, a démissionné mercredi, emporté par un scandale de blanchiment en Estonie qui pourrait porter sur des dizaines de milliards d'euros d'argent sale provenant essentiellement de Russie.

"Il est évident que Danske Bank n'a pas été à la hauteur de ses responsabilités dans le cas du possible blanchiment d'argent en Estonie", a reconnu Thomas Borgen dans un communiqué.

Entre 2007 et 2015, quelque 200 milliards d'euros ont transité par la filiale estonienne de Danske Bank à travers les comptes de 15.000 clients "au profil de non-résidents", a révélé la banque danoise le même jour.

"Une partie importante du flux (de transactions de ces clients) est suspecte", a expliqué lors d'une conférence de presse Ole Spiermann, responsable d'un cabinet indépendant chargé de mener une enquête.

Il n'a pas précisé de montant exact.

Ces dernières semaines, la presse a évoqué un total de 150 milliards de dollars (129 milliards d'euros) de capitaux blanchis.

Danske Bank a avoué "savoir que certains clients de la branche estonienne présentaient de forts risques". Elle a fermé les portefeuilles des non-résidents en 2015.

Au total, sur les 15.000 comptes concernés, 6.200 sont considérés comme suspects et une majorité d'entre eux a été signalée à la justice, a indiqué la banque.

L'enquête du cabinet indépendant a jugé que la direction de l'établissement n'avait pas commis de faute juridique.

"Nous pouvons arriver à une autre conclusion", a souligné à l'AFP le procureur général de la répression de la délinquance financière internationale (SOIK), Morten Niels Jakobsen. Pour lui, "une institution bancaire doit connaître ses clients".

En août, sous son autorité, le parquet financier a ouvert une enquête sur les soupçons de blanchiment de ces capitaux qui proviennent en majorité de Russie et d'anciennes républiques soviétiques.

Cette enquête - plus vaste que celle présentée par Danske Bank, selon le procureur - est menée en coopération avec les autorités estoniennes et devrait aboutir en 2019.

- Une banque fragilisée -

Désireuse de redorer son blason, la banque va "reverser la marge brute issue des clients pour la période 2007-2015, estimée à 1,5 milliard de couronnes danoises, à une fondation indépendante" qui sera créée pour combattre la criminalité financière internationale.

Cela l'oblige à revoir à la baisse ses prévisions pour 2018, avec un bénéfice net de 16 à 17 milliards de couronnes contre 18 à 20 annoncé précédemment.

"Je pense qu'ils feront tout ce qui est en leur pouvoir pour faire preuve de robustesse dans le traitement de cette affaire afin de stabiliser l'action", a affirmé à l'AFP Lars Krull, professeur d'économie à l'Université d'Aalborg.

Le titre perdait 4% en fin d'après-midi à la Bourse de Copenhague, à 167,7 couronnes, portant à 31,2% ses pertes sur un an.

"Nous n'avons rien appris sur l'étendue du problème de blanchiment. Cela signifie que l'incertitude peut durer. La peur de fortes amendes est toujours là", a analysé Mikkel Emil Jensen, de Sydbank, cité par l'agence Ritzau Finans.

C'est par le quotidien danois Berlingske qu'a éclaté l'affaire. Ses informations portaient sur des relevés bancaires liés à des révélations de l'avocat russe Sergueï Magnitsky, mort mystérieusement en prison en 2009.

Son ex-employeur, Hermitage Capital, bataille pour faire la lumière sur les affaires de blanchiment d'argent sur lesquelles il travaillait.

"Nous avons regardé certains des comptes qui appartiennent à des entités bien connues de blanchiment d'argent, elles passent par des entreprises qui n'ont pas vraiment de raison d'être, les entreprises sont enregistrées sous des juridictions offshore à haut risque et dirigées depuis la Russie", a écrit à l'AFP le PDG d'Hermitage Capital, Bill Browder.

Selon des informations du Wall Street Journal, Danske Bank, qui n'a pas d'activité aux États-Unis mais possède des obligations en dollars, est aussi dans le collimateur du gendarme financier américain.


 

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