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La banque centrale américaine (Fed) s'apprête à relever ses taux d'intérêt mercredi, qui devraient atteindre entre 2% et 2,25% pour la première fois après dix ans de politique monétaire accommodante, selon les attentes des marchés.
"Ils vont relever les taux la semaine prochaine, donner le signal qu'ils le feront probablement encore en décembre mais ce qui est intéressant et très incertain en même temps, c'est ce qu'ils feront ensuite", a résumé pour l'AFP David Wessel, un expert de la Brookings Institution.
Le Comité monétaire de la Fed (FOMC) se réunit mardi et mercredi et outre sa décision monétaire, publiera de nouvelles prévisions économiques.
Vu la forte croissance économique soutenue par le stimulus budgétaire de l'administration Trump (4,2% en rythme annuel au 2e trimestre), ce troisième tour de vis monétaire de l'année est quasiment inscrit dans les faits (à 93,2%), si l'on en croit l'évolution des instruments monétaires sur les marchés.
L'expression "politique monétaire accommodante" qui qualifie les taux maintenus très bas depuis la récession provoquée par la crise financière de 2008, pourrait disparaître du communiqué du FOMC.
"On ne peut pas continuer à dire que la politique est accommodante quand on relève les taux. Ce changement de vocabulaire est significatif mais il reflète tout simplement la réalité", explique David Wessel.
"C'est une façon de dire, on avait le pied sur l'accélérateur pendant longtemps. Maintenant que la voiture prend de la vitesse, nous levons le pied. Ce n'est pas la même chose de dire qu'on appuie sur le frein mais on peut choisir d'appuyer sur le frein si l'économie commence à surchauffer", a ajouté cet économiste.
Il reviendra au président Jerome Powell, qui tient une conférence de presse à 18H30 GMT mercredi, de donner des indices sur la voie que va suivre la Réserve fédérale.
Michael Pierce, économiste de Capital Economics, s'attend "à ce que Jerome Powell s'en tienne à son mantra de hausses +graduelles+ à venir".
- Deux types de risques -
La Fed doit veiller à deux types de risques opposés qui tiraillent les membres du Comité monétaire. Les risques dits "à la hausse" viendraient d'une économie hyper-stimulée qui peut surchauffer et générer de l'inflation voire une bulle financière et conduiraient la Fed a accélérer le resserrement monétaire.
Mais d'un autre côté, des risques "à la baisse" se profilent aussi avec les craintes d'un ralentissement de l'activité si la croissance mondiale s'essouffle et si la guerre commerciale s'aggrave.
Des tarifs douaniers américains de 10% sont infligés sur 200 milliards de dollars d'importations de produits chinois à partir de lundi.
Pour l'instant, les projections de la Fed --qui seront modifiées mercredi à l'issue de cette réunion monétaire de deux jours--, misent encore sur une nouvelle hausse de taux en 2018 après celle de septembre et trois autres relèvements d'un quart de point de pourcentage (0,25%) en 2019.
"Je ne pense pas qu'ils vont changer le rythme de relèvements dans les six mois qui viennent", affirme pour sa part Joel Gagnon du Peterson Institute for International Economics (PIIE). Cet ancien économiste de la Fed pense qu'à cause d'une manifestation de l'inflation à partir de mars, le resserrement monétaire pourrait accélérer.
La Fed veut en tout cas garder ses options ouvertes. C'est peut-être le sens d'un récent discours de la gouverneure Lael Brainard, qui a pris les marchés à contrepied sur le niveau du taux "neutre".
Cette démocrate a la réputation d'être une "colombe", plus encline à promouvoir une politique monétaire accommodante.
Elle a pourtant affirmé que le niveau optimal du taux "neutre" --qui permet à l'économie d'opérer à son potentiel sans générer d'inflation--, pourrait être plus élevé qu'anticipé, laissant entendre que la Fed aura peut-être besoin de relever davantage les taux pour atteindre ce point idéal qu'elle se garde de chiffrer.
Jerome Powell aura plusieurs mois pour créer un consensus sur la voie à suivre au sein du Comité monétaire.
L'instance sera enfin bientôt au complet avec les dernières nominations de Donald Trump. Les choix du président en faveur d'économistes respectés ont soulagé les observateurs alors que l'hôte de la Maison Blanche n'hésite pas à critiquer ouvertement la Fed sur sa politique monétaire.
"Le fait est qu'on a un président impulsif et il est dommage d'en arriver à pousser un soupir de soulagement quand quelque chose de raisonnable ou de normal arrive", note David Wessel.