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Un curieux nous a adressé via le bouton orange Alertez-nous une question vaste mais passionnante sur l'apparition du virus. Non pas le SARS-CoV-2 qui s'est probablement manifesté pour la première fois à notre humanité sur un marché alimentaire de Wuhan au mois de décembre 2019 en Chine, mais le virus tout court, le premier virus sur Terre, l'ancêtre de tous les virus. Ces virus qui sont partout et peuvent infecter tous les types d'êtres vivants: bactérie, champignon, algue, plante, animal.
Vivant ou pas vivant ?
Répondre à cette question nous ramène à la question de l'identité du virus. Une question fascinante aux confins du vivant: cette chose microscopique et extrêmement simple doit-elle être considérée comme un être vivant? La question fait encore débat aujourd'hui. C'est que, si le virus dispose de caractéristiques fondamentales propres à la vie, il lui en manque certaines.
Certes, comme tous les êtres vivants, le virus renferme l'information de ce qu'il est dans une molécule d'acide nucléique (ARN ou ADN) qui contient les gènes à partir desquelles seront fabriquées les protéines qui le constituent. Certes, cette molécule d'acide nucléique peut être dupliquée, ce qui permet sa reproduction et donc la formation de nouveaux "individus". Mais un être vivant assure tout seul la duplication de ses gènes. Pas le virus qui a besoin de la machinerie d'une cellule ou d'une bactérie. Le virus a le logiciel mais pas l'ordinateur pour le faire tourner.
Les êtres vivants ont tous aussi pour traits communs de produire, grâce à des métabolismes, l'énergie qui leur permet de croître, se reproduire, éventuellement se déplacer. Pas les virus qui ne savent pas vivre de manière autonome.
Parasite utile
Ainsi, un virus est profondément et intimement lié au vivant. Et donc à nous. De manière parfois surprenante. On a répertorié à l'heure actuelle environ 5000 virus différents chez l'Homme. À peine plus d'une centaine d'entre eux sont pathogènes, c'est-à-dire qu'ils provoquent des maladies (rougeole, grippe, rhume, SARS-CoV, Ebola, etc.). Les autres vivent en harmonie avec notre corps. Dans des quantités énormes. On estime à un million de milliards le nombre de virions (1 particule virale), soit plus que nos propres cellules. On suspecte que certains jouent un rôle très utile comme les virus bactériophages qui infectent les bactéries de notre corps (flore intestinale, muqueuses) et permettraient de réguler leur population. Ils agiraient de même à beaucoup plus grande échelle dans les océans, régulant les populations de zooplancton, phytoplancton et bactéries.
Dans notre ADN
Mais le virus est présent encore plus profondément dans notre intimité. Au coeur même de notre ADN. Certains virus dits "endogènes" (notamment les rétrovirus) ont la capacité d'intégrer leur code génétique dans le nôtre. Souvent, cela fera mourir la cellule. Parfois cela mènera à un cancer. Mais parfois le code va rester. Les scientifiques supposent qu'au cours des centaines de millions d'années d'existence de la vie sur Terre, des virus ont intégré leur code dans le code génétique des spermatozoïdes et ovules et que celui-ci a pu subsister et se perpétuer dans les générations suivantes, nous apportant même de nouvelles propriétés. Ainsi, 7 à 8% de notre code génétique et donc de notre nature profonde serait d'origine virale apportée, au fil de l'histoire de la vie et des millions de générations successives.
Apparition du virus: trois hypothèses
Remontons ces millions de générations pour chercher la naissance du virus et répondre enfin à la question de notre alerteur. Il n'y a aucune certitude. Mais bien trois hypothèses.
1. La vie est apparue dans ce que l'on appelle une "soupe primitive". On l'appelle "soupe" car elle contenait les éléments chimiques et se trouvait dans des circonstances physiques (températures, état liquide, etc.) susceptibles de former les premières molécules d'acides nucléiques à l'origine de la vie. Il est possible que l'association de ces molécules avec quelques protéines ait donné les virus qui ont alors fait leur chemin gardant toujours cette structure hyper simple alors qu'en parallèle la vie se complexifiait de manière stupéfiante pour, à partir toujours de molécules d'acide nucléique, mener à nous.
2. Une autre hypothèse prend le chemin inverse. Des organismes proches des cellules et vivant en parasite sur un hôte se seraient simplifiés à l'extrême, se débarrassant de tout le superflu pour ne garder qu'une molécule d'acide nucléique et quelques protéines pour infecter l'hôte et profiter de sa machinerie cellulaire.
3. Enfin, une troisième hypothèse envisage des virus comme étant né de notre propre code génétique avec la libération d'un morceau capable ensuite de subsister sous forme d'une entité.