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L'invité de Bel RTL ce matin à 7h50 était Jean-Christophe Goffard, médecin et responsable des unités Covid de l'hôpital Erasme. Il a évoqué avec Fabrice Grosfilley un progrès de la recherche, une percée observée par plusieurs laboratoires à la recherche de traitements. Une avancée que le médecin juge très prometteuse.
Un progrès médical avec des "associations d'anticorps monoclonaux". Il en faut deux qu'on associerait. Il y a plusieurs études, notamment celle d'un laboratoire Suisse (Roche) et un laboratoire américain (Regeneron) qui ont collaboré. C'est prometteur ?
Je trouve les résultats profondément impressionnants. Ils ont été présentés à une conférence sur les rétrovirus, qui traite habituellement du VIH. Ils sont passés un peu trop inaperçus à mon goût. Le 6 mars, ils présentent une diminution de 70% des hospitalisations chez des personnes qui ont des comorbidités et pourraient développer des complications (des personnes obèses, des personnes qui ont des problèmes cardio-vasculaires, des immunodéprimés, ...). Lorsqu'ils sont traités dans les 3 jours qui suivent un PCR positif. Ils ne sont pas très malades au départ, mais on sait que 7% d'entre eux vont être hospitalisés, et qu'une partie d'entre eux va décéder. Lorsqu'ils sont traités, on diminue de 70% l'hospitalisation, et il y a 0 décès dans le groupe traité. C'est une percée fantastique.
Pourquoi il faut deux anticorps monoclonaux, et pas qu'un seul ?
Il faut imaginer la spike qui permet de rentrer dans le virus (une sorte de trident, une petite flèche, NDLR). Elle rentre dans la cellule et permet au virus de reconnaître sa cible. Cette spike a plusieurs parties différentes qui peuvent être reconnues par des anticorps qui sont différents. Ils agissent chacun sur des parties différentes, sinon ce n'est pas très efficace, ils vont tous au même endroit. Ce n'est pas très efficace non plus s'il n'y a qu'un seul anticorps, parce qu'il peut y avoir des petites variations. Tous les variants dont on parle, ce sont des variations qui peuvent exister dans ces spikes. Si vous mettez deux, ou même trois anticorps, vous gardez une efficacité résiduelle de vos anticorps, parce que la probabilité que votre virus ait des mutations à chaque endroit où il se fait attaquer devient très faible.
C'est une bonne réponse pour les variants ?
C'est une des réponses, mais pas encore LA bonne réponse. La recherche doit encore évoluer. (...)
On parle bien d'un traitement, pas d'un vaccin. Ça va donc permettre de soigner des patients malades. On pourrait l'avoir dans combien de temps ?
Ça dépend des autorités. Donc, je fais un appel aux politiques, maintenant pour revenir dès demain à table pour pouvoir avoir ces produits avant qu'ils ne soient commandés par l'ensemble des pays européens. Il faut aller plus vite qu'avec les vaccins. Il faut en discuter dès demain, car la Belgique, contrairement à d'autres pays européens, n'a pas fait partie des discutions pour commander ce produit.
Il y a plusieurs laboratoires en étude de phase 3. C'est du solide ? Vous êtes sûr de votre coup ?
Je suis sûr de mon coup, parce que la différence entre le groupe placebo et le groupe traité est énorme. D'autre part, les études sont cohérentes, malgré le fait que ce soit des firmes différentes, et avec des cocktails d'anticorps différents. Donc, ça c'est vraiment extrêmement rassurant. Ça a été présenté dans des congrès hautement scientifiques.
C'est le traitement qu'a eu Donald Trump ?
Oui, c'est ce qu'a eu Donald Trump dès le début du développement. Ce sont des anticorps, donc des produits naturels, produits en réponse à une infection, mais qu'on industrialise après.
Actuellement, le prix avoisine les 1.000/1.500€, selon le médecin. C'est moins cher qu'une hospitalisation, pour l'État, et ce sont des prix qui peuvent être négociés selon les commandes, dit-il. Par ailleurs, Jean-Christophe Goffard assure n'avoir aucun conflit d'intérêt entre son statut de médecin et des parts dans une des sociétés qui développent ce traitement. Une information pouvant être vérifiée sur le site de Be Transparent.