Le coronavirus continue sa propagation en Belgique. Alors que la durée maximale de la période d'incubation est de 14 jours, certains citoyens se demandent pourquoi il n'y pas encore de ralentissement de l'épidémie après deux semaines de confinement. Nous avons relayé cette interrogation au docteur Van Laethem.
Les jours passent et le coronavirus continue à se propager en Belgique si on s'en tient aux nouveaux cas confirmés dont le nombre est rendu public chaque jour par l'institut de santé publique belge (Coronavirus en Belgique: le bilan du lundi 30 mars), ceci malgré que des mesures sévères interdisent tout rassemblement, restreignent nos déplacements et s'assurent d'une distanciation sociale d'un mètre cinquante au minimum.
"Nous sommes confinés depuis le 18 mars. Comment se fait-il que malgré la période d'incubation de 14 jours, il y ait toujours autant de nouveaux cas ? Est-ce dû à l'incivisme de certains, ou y a-t-il tromperie sur l'incubation ?", s'interroge Marc via notre bouton orange Alertez-nous. Nous avons adressé la question au docteur Yves Van Laethem, spécialiste des maladies infectieuses à l'hôpital Saint-Pierre de Bruxelles.
Avant de lui céder la parole, rappelons deux ou trois choses sur la période d'incubation.
La période d'incubation est le temps qui s'écoule entre la contagion et l'apparition des premiers symptômes. Cette période varie d'une maladie à l'autre, d'une personne à l'autre, d'un âge à l'autre. Ainsi, les périodes d'incubation sont plus longues chez l'adulte que chez l'enfant ou le nourrisson.
Dans le cas de Covid-19, la période varie de 2 à 14 jours. Si on vous isole et qu'après 14 jours, vous n'avez toujours aucun symptôme, il est quasiment certain que vous n'avez pas été infecté par le coronavirus. Pourquoi donc après deux semaines de confinement, y a-t-il toujours autant de nouveaux cas puisque nous sommes tous confinés ?
60% de gens immunisés pour obtenir un bouclier suffisant
La raison tient dans l'impossibilité totale d'avoir un isolement... total. "Chacun des 11 millions de Belges n'est pas en bocal, seul, séparé des autres", commence le docteur. Il n'est pas possible de séparer les couples, les familles, d'arrêter la totalité de l'activité économique, d'arrêter les services de soins, de couper tout contact et de rester chacun seul. "L'isolement n'est pas parfait, donc il y a encore des contaminations", dit le docteur. Sans compter que de nombreuses personnes contaminées sont asymptomatiques, c'est-à-dire qu'elles ne montrent aucun symptôme du coronavirus. Mais elles peuvent le transmettre à d'autres qui, eux tomberont, malades. On estime que la moitié des contaminations serait le fait de personnes asymptomatiques.
Une fois guérie du virus, une personne est considérée comme immunisée c'est-à-dire que son système immunitaire dispose désormais des anticorps qui reconnaissent le virus et permette sa destruction. Cette personne ne présente plus de danger de propager le virus. "Dans la majorité des cas, le patient guéri ne sera ni malade, ni vecteur de la maladie", explique Yves Van Laethem.
Une population en a fini avec une épidémie lorsqu'elle est immunisée. "Il n’y a pas de chiffre absolu, mais on parle de 60% de gens immunisés pour obtenir un bouclier suffisant et réduire le risque pour les non-immunisés de contracter le virus et les complications de celui-ci", nous apprend le docteur. C'est ce que cherche à atteindre les Pays-Bas, tablant sur une "immunité de groupe" sans passer par le confinement (avec le risque supplémentaire d'avoir donc plus de décès puisque davantage de personnes sont touchées par la maladie).
Pour le Dr Van Lathem, "pour s'assurer de la fin de la pandémie, il faudra avoir une bonne idée de l’immunité de base, donc l’immunité de groupe de la population." La fin de la période de confinement ne signifiera pas la fin de la vigilance, selon le docteur: "Il faudra surveiller activement la situation même après le confinement, pendant des semaines, même des mois. On ne retournera pas directement à la normale."
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