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Le site Vivastreet est visé par une enquête préliminaire pour "proxénétisme aggravé", après le dépôt d'une plainte l'accusant d'héberger des milliers de petites annonces de prostitution déguisée, a-t-on appris vendredi de sources concordantes.
Une enquête visant Vivastreet, l'un des principaux sites de petites annonces en France, a été ouverte le 15 février dernier par le parquet de Paris à la suite d'une plainte du mouvement du Nid, qui lutte contre les causes et conséquences de la prostitution, selon une source judiciaire.
Elle a été confiée à l'Office central pour la répression de la traite des êtres humains (OCRTEH) de la police judiciaire, a précisé cette source, confirmant une information du Monde et de 20 Minutes.
Selon Grégoire Théry, l'un des responsables du Nid, une autre plainte, pour proxénétisme sur mineure, a été déposée en novembre contre Vivastreet par les parents d'une jeune fille mineure.
Le Nid vise notamment la rubrique payante de Vivastreet consacrée aux "services adultes", qui comporte selon lui 7.000 annonces de rencontres, massages, etc.... Or "des tests ont facilement montré qu'il suffit de répondre à une de ces annonces pour obtenir aussitôt les tarifs" de prestations sexuelles, souligne M. Théry.
Selon ce dernier, mettre en contact des prostituées et des clients, "cela s'appelle du proxénétisme".
Citée par le quotidien 20 minutes, une avocate de Vivastreet a démenti toute volonté délibérée de son client d'encourager la prostitution, mettant en avant la "modération automatique des annonces" et la présence d'une "équipe spécialisée" chargée de supprimer toute annonce signalée comme contraire à la réglementation.
Vivastreet et d'autres sites tirent de la prostitution cachée "des profits considérables", souligne le Nid.
Selon une récente enquête du Monde, les quelque 7.000 offres des rubriques d'escorting représentent selon les mois 40% à 50% du chiffres d'affaires petites annonces de Vivastreet, soit 11 à 21 millions d'euros.
"D'après plusieurs témoignages, les prostituées versent à Vivastreet jusqu'à 600 euros par mois pour figurer en bonne place sur le site", note M. Théry.
Vivastreet se dit aujourd'hui numéro 2 en France des sites de petites annonces gratuites, derrière Le Bon Coin. Il revendique plus de 5 millions d'annonces actives en permanence, dont un million en France, et plus de 28 millions de visiteurs uniques par mois.
Selon Le Nid, une majorité de la prostitution est désormais promue en ligne. "Si on laisse l'impunité s'y installer, c’est comme si on rouvrait les bordels sur internet", estime M. Théry.