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En Belgique, la surmortalité par rapport à la normale est importante. Il y a une hausse de 11% par rapport à la moyenne au mois de mars et même une augmentation de 77% de décès pour la première semaine d’avril.
"Il y a deux fois plus de décès que normalement et nous devons gérer tous les rendez-vous avec les familles et organiser les funérailles au mieux pour eux", confirme David Cordier des pompes funèbres Coton-Hanot.
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D’après un graphique basé sur une étude de la Johns Hopkins University à Baltimore aux USA, nous serions les numéros un au niveau mondial du nombre de victimes du coronavirus par nombre d’habitants. "C’est vrai qu’il y a beaucoup de décès en Belgique par rapport à d’autres pays en Europe par exemple, mais je suis aussi les données de Johns Hopkins et ce n’est pas très clair d’où viennent ces données. Donc il faut quand même faire très attention. Mais ceci dit c’est vrai que nous avons quand même beaucoup de décès en Belgique", Herman Goossens, microbiologiste à l’université d’Anvers et coordinateur de la Plateforme européenne sur les pandémies.
C’est vrai qu’une question revient souvent: est-ce que notre pays ne surévalue pas trop le nombre de morts causés par le virus, comme la Première ministre Sophie Wilmès l’a laissé entendre. Les décès survenus en maisons de repos sont-ils trop vite considérés comme liés au Covid ? Ce qui ferait gonfler les statistiques ?
"Il est indécent de faire sous-entendre que le pic de décès dans les maisons de repos n’est pas dû à la pandémie"
"Les déclarations de décès Covid sont confirmées chez nous pour 95% des décès car ils sont passés à l’hôpital avant. Alors, il est tout à fait possible de déclarer un décès suspect mais dans ce cas-là il est bien mentionné "suspect" sur le certificat de décès. Et il est suspect simplement parce que la victime a partagé la chambre d’un résident qui est décédé du Covid confirmé, que dans la semaine qui suit il tousse, il chauffe et qu’après il décède subitement. Donc, que l’on ne vienne pas dire qu’il n’est pas décédé du Covid", souligne Anne-Lise Berghmans, directrice d’une maison de repos à Cuesmes, près de Mons, où on comptabilise une vingtaine de décès depuis mars.
"De plus, on peut considérer que sur 3 semaines, un mois, en maison de repos on a eu la moyenne d’un an de décès. Et ce dans la majorité des maisons de repos qui ont été touchées par le Covid. Je pense qu’il est indécent de faire sous-entendre que le pic de décès dans les maisons de repos n’est pas dû à la pandémie. C’est un manque de respect et cela remet en cause la capacité du personnel soignant à prendre soin correctement des résidents. Jamais en dehors d’une pandémie on a un tel nombre de décès", ajoute-t-elle.
D’après cette directrice, il ne faut donc pas trop relativiser cette première place attribuée à la Belgique. Et d'après Herman Goossens, les responsables des maisons de repos en Flandre tiennent le même discours. "Les chiffres en Belgique sont réalistes", estime-t-il.
Enfin, Pierre-Yves Jeholet, ministre-président de la Fédération Wallonie-Bruxelles, souligne que la méthode pour élaborer les statistiques n’est pas identique partout: "On ne peut pas reprocher non plus de la part de la Belgique une totale transparence par rapport aux chiffres (...) D’autres pays d’Europe, comme la Grande-Bretagne, ne tiennent pas compte des décès en maisons de repos".