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Parcours trop sélectifs, minerval des écoles privées trop cher, les étudiants français sont nombreux à quitter leur pays et venir trouver refuge chez nous. Plusieurs d'entre eux étaient invités dans l'émission "C'est pas tous les jours dimanche".
Chloé Sanjuan Companys vient de Toulouse. Elle est étudiante en master de logopédie, et explique son choix d'être venue suivre le cursus de l'UCLouvain : "En France, on a un concours qui est assez sélectif. Par exemple, à Toulouse, il y a plus de 1.500 candidats qui se présentent chaque année et uniquement 36 sont intégrés à l'école en septembre."
Situation similaire pour Aurélien Deltenre. Originaire de Lyon, il étudie le management de l'innovation et de la conception des aliments à Namur. Selon lui, les places en master ont été beaucoup plus limitées depuis une réforme il y a quelques années en France. Il cite en exemple: "Moi je suis en science. Les masters ont 20, 25 places maximum. Quand on sort de faculté, par exemple la faculté de Lyon 1 où il y a plus de 100.000 étudiants, il n'y a que 20 places pour faire un master de microbiologie ou autre. C'est très limité."
Explosion du nombre d'étudiants français en 5 ans
L'administrateur de l'ARES (Académie de Recherche et d'Enseignement Supérieur), Julien Nicaise confirme : "Il y a un système en France qui est vraiment très coercitif, qui sélectionne très fort les étudiants. Et donc, avec la liberté de circulation des étudiants à travers l'Europe depuis maintenant une vingtaine d'années, beaucoup sont tentés de venir chez nous puisqu'il n'y a pas la barrière de la langue."
Toutefois, les étudiants français venant chez nous paient le même minerval que les francophones belges. Selon le député wallon André Antoine, cela représente un coût préjudiciable dans le budget de la Fédération-Wallonie Bruxelles. Il cite des chiffres de l'Unesco selon lesquels la venue d'étudiants français en Belgique a augmenté de 220 % entre 2010 et 2015.
Faire contribuer davantage les étudiants étrangers
Face à cette situation plusieurs pistes de solution sont proposées. "On ne peut pas trier à l'entrée sur la base de la nationalité ou de la résidence", rappelle Julien Nicaise. En revanche, des professeurs de l'université catholique de Louvain ont imaginé un mécanisme qui ferait contribuer financièrement un peu plus cher les non-résidents de Belgique francophone. Un système qui serait compensé toutefois pour les personnes résidentes, selon Julien Nicaise. "Le belge francophone n'y verrait rien mais par contre les étrangers contribueraient de manière un peu plus significative pour combler le gap", assure-t-il.
Le député cdH André Antoine propose quant à lui un système de financement à l'échelle de l'Union européenne. C'est le principe de "l'étudiant escargot", dit-il. "L'étudiant vient en Belgique et amène sa part de financement public que l'État français lui avait réservé." Ce modèle existe déjà dans certains pays scandinave, assure André Antoine. Ce dernier mentionne également la possibilité des quotas. "Je pense qu'il y a moyen aujourd'hui de plaider une restriction de l'accès sans quoi nous ne pourrons plus scolariser correctement faute de moyens."