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Alors que le gouvernement envisage la levée de l'obligation de présenter un certificat médical pour une absence de courte durée (en cas de gros rhume, grippe intestinale ou autres maladies bénignes), les employeurs se montrent réticents à cette idée du fédéral. Ils craignent qu'une telle mesure ne soit "la porte ouverte aux abus". La suppression des certificats médicaux en cas d'absence de quelques jours serait discutée, en ce moment, à la table du gouvernement avec d'autres réformes du marché du travail.
Luc Herry est le président de l'ABSYM (Association belge des syndicats médicaux). Il explique: "On est parfois mis devant le fait accompli. On a le patient qui vient à une consultation à 17h30 et qui dit qu'il s'est absenté depuis le matin pour telle raison. Difficile de dire, 'Non, vous deviez aller au boulot.' D'autres ne sont pas demandeurs, il ne faut pas croire que tout le monde est demandeur. Certains disent 'soignez-moi docteur, j'aimerai aller travailler."
On ouvre la porte aux abus
Cependant, la mesure ne séduit pas les employeurs. "La majorité des employés prennent leurs responsabilités. Les patrons le savent. Mais il y a une minorité qui resquille", affirme Unizo, l'organisation indépendante flamande. "L'abolition du certificat médical obligatoire pour les premiers jours de maladie ouvrirait grand la voie aux maladies du lundi matin", avance Danny Van Assche, administrateur délégué de l'Unizo.
Même son de cloche du côté de l'Union des classes moyennes (UCM) et du Voka (l'organisation patronale flamande) : "On ouvre la porte aux abus". Et "cela complique la gestion du personnel car les défections risquent de se multiplier dans certains secteurs, sans que le patron ne puisse prévoir la durée du congé, en l'absence de certificat", assure l'UCM.
Les revenus des médecins impactés?
Un avis également partagé par le SNI: "Quelles seront les balises, comment contrôler", s'interroge le syndicat neutre pour indépendants. "L'employeur doit payer le salaire garanti en cas de maladie, il est donc normal que le travailleur prouve en retour sa maladie de manière objective?". Si cette obligation tombe effectivement, le SNI demande qu'on "réinstalle en contrepartie le jour de carence?". Enfin, pour la Fédération des entreprises de Belgique (FEB), cette mesure prise isolément n'est pas acceptable; elle doit s'inscrire dans un cadre plus large où les employés et les médecins sont responsabilisés.
Quant aux médecins, ils sont divisés : "Ca peut aussi impacter les revenus des médecins. Si les confrères ont beaucoup de consultations de petites pathologies, ils risquent de ne plus en avoir", ajoute Luc Herry.
Dès aujourd'hui, un questionnaire est envoyé aux médecins généralistes : êtes-vous pour ou contre la suppression du certificat médical ? Si oui, pour combien de jours d'absence. Les résultats de l'enquête devraient être connus la semaine prochaine. Le débat ne fait que commencer.