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En publiant la liste des vaccins sur son compte Twitter, la secrétaire d'Etat au Budget ne se rendait probablement pas compte de l' énorme bourde qu'elle faisait. On y découvre le prix par dose pour chacun des vaccins que la Belgique a commandé, le nombre de doses et le total TVA comprise. 12 euros, par exemple, pour une dose du vaccin Pfizer-BioNTech, un peu moins de deux euros pour celui d' Astrazeneca.
D'où cette première question: pourquoi une si grande différence entre les vaccins ? "Des énormes investissements ont été faits par ces sociétés", répond d'abord David Gering, Directeur de la communication de Pharma.be. "Certaines de ces sociétés ont une structure de coûts différent que d'autres. C'est la même chose que dans d'autres secteur, donc il se peut qu'un produit plus ou moins semblable ait un autre prix quand il provient d'un autre producteur", détaille-t-il ensuite.
Mais la question qui fâche c'est celle du secret. Pourquoi y-a-t-il une clause de confidentialité entre les fabricants et leurs clients ? Dans ce cas, l'Union européenne et donc ses états membres dont la Belgique. Pourquoi est-ce si important de ne pas faire connaître le prix de chacun des vaccins ? "La différence qu'on a pu constater entre les prix montre que le pouvoir de négociation est important", précise Bruno Wattenberg, expert en économie. "Ce pouvoir de négociation a été cassé par la divulgation de la transparence sur les prix de la concurrence. Donc c'est délétère pour la Belgique et pour les pharmaceutiques. Cela veut dire que nous sommes dans une situation dans laquelle on a violé un des principes de base de la négociation, partant du principe aussi que cette négociation doit bénéficier aux consommateurs et à l'état", poursuit-il.
Par exemple pour le vaccin Pfizer, l'Union européenne a négocié un prix inférieur au prix du marché. Ce ne sera peut-être désormais plus possible. Ce que dénonce notamment le New York Times "La liste des prix, brièvement révélée par la secrétaire d'Etat belge Eva De Bleeker, montre que le vaccin de Pfizer va leur coûter douze euros la dose. C'est nettement inférieur au prix officiel de la société à seize euros la dose, qui est aussi le prix payé par le gouvernement américain".
"Une transparence en soit, c'est bien, mais pas pendant les négociations qui ont besoin d'une confidentialité pour, justement, pouvoir négocier le prix le plus bas", résume de son côté David Gering. En révélant le prix des différents vaccins, la secrétaire d'Etat permet donc aux groupes pharmaceutiques d'augmenter leurs tarifs et de s'aligner les uns par rapport aux autres, ce qui pénaliserait les clients, donc les états et au final les citoyens.
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